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Internationale de l'Education
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Application concrète du Processus de Bologne

Publié 9 novembre 2005 Mis à jour 9 novembre 2005

Il en est des pays impliqués dans le Processus de Bologne comme d'une classe, il y a les bons élèves et les cancres. Si les syndicats de l’enseignement supérieur de Pologne et du Portugal sont bien au courant du processus de convergence entre les universités, leurs gouvernements par contre sont un peu lents. "Je dirais que la Pologne est dans le peloton du milieu, en compagnie de la France et de l'Allemagne. Par contre, le Portugal est à la traîne, à l'instar du Royaume-Uni, de la Grèce et de la Suède", indique Ryszard Mosakowski, professeur à l'université technologique de Gdansk et représentant du syndicat polonais Solidarnosc-Science. Ryszard Mosakowski s'intéresse depuis longtemps au processus de Bologne, il a d'ailleurs rédigé plusieurs ouvrages sur le sujet, malheureusement uniquement disponibles en polonais.

Ryszard avait d'ailleurs attiré l'attention de son ministre sur le Processus de Bologne quelques mois avant la Conférence ministérielle de Berlin en 2003, le ministre lui avait répondu: "Rien ne nous y contraint, donc on ne fait rien". Entre-temps le ministre a été impliqué dans le processus de Bologne et il est aujourd'hui convaincu de sa pertinence. Le syndicaliste Ryszard Mosakowski a d'ailleurs été invité à siéger au comité polonais pour la mise en oeuvre du Processus de Bologne.

Cet été, le parlement polonais a voté une loi qui va contraindre les institutions à s'harmoniser au Processus de Bologne. Selon Ryszard, à l'heure actuelle, 20% des établissements sont conformes. Les cycles d'études, copiés sur le modèle allemand, sont relativement proches de la structure d'étude déterminée par Bologne (trois années pour « Bachelor » et deux supplémentaires pour « Master »).

La situation est différente au Portugal. Une loi a été votée pour changer la structure des études, car le système portugais comptait une année supplémentaire . "Mais le gouvernement n'a pas impliqué les syndicats, notamment au motif qu'il y avait deux syndicats", explique Manuel Dos Santos, du FENPROF Portugal et professeur de physique à l'université d'Evora. "Par contre, aucune discussion n'a été ouverte sur l'impact de ces changements sur les personnels académiques. Or enseigner une matière en quatre ou en trois ans, cela fait une sacrée différence et nécessite un recyclage".

Le syndicat FENPROF a demandé à être intégré dans les discussions gouvernementales, comme le recommande la Déclaration ministérielle de Bergen, mais le ministre de l’enseignement supérieur n'a pas encore donné suite.

Tant Solidarnosc-Science que FENPROF ont organisé des séminaires d'information sur Bologne destiné aux enseignants, mais également au grand public."La question est assez politisée au Portugal", souligne Manuel, "le Processus de Bologne relance toutes les grandes craintes autour de la mondialisation, de la privatisation, de l'OMC, il n'est donc pas aisé pour le syndicat de stimuler un débat constructif".

Il reste que ni les personnels, ni les recteurs d'universités, ni les ministres ne semblent pressés de mettre en œuvre les autres recommandations de Bologne en termes de mobilité des personnels et de regroupements en centres d'excellence.