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Internationale de l'Education
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Un syndicat de l'éducation s'oppose aux frais de scolarité:

Publié 9 novembre 2012 Mis à jour 13 décembre 2012

Propositions pour une position des syndicats de l'éducation

Les syndicats d'enseignants devraient adopter une position claire en faveur de l'enseignement supérieur libre. Le projet de déclaration politique de l'IE sur les frais de scolarité, qui a fait l'objet de discussions lors du huitième Conférence internationale sur l'enseignement supérieur et la recherche en septembre 2012 à Buenos Aires, en Argentine, constitue un pas dans la bonne direction.

Dans ces endroits où l'étude est actuellement gratuite, toutes suggestions relatives à l'introduction de frais de scolarité doivent être énergiquement résistées, et là où l'on demande des frais de scolarité, les syndicats doivent travailler à leur abrogation.

La suppression des frais de scolarité fait partie d'une stratégie globale de l'éducation qui vise à ouvrir l'enseignement supérieur à une base sociale élargie, avec une aide financière efficace pour les étudiant(e)s et un système pédagogique qui brise les barrières sociales à compter de la petite enfance jusqu'à la formation continue.

Quelles sont les raisons de ce succès politique?

C'est le succès de l'alliance extra-parlementaire opposée aux frais de scolarité qui a joué un rôle décisif dans l'inversement de cette tendance, avec des représentants des étudiant(e)s, des syndicats et des associations ayant un intérêt dans les politiques d'éducation et de recherche s'unissant dans un même objectif.

La campagne a été grandement aidée par un certain nombre d'études démontrant que le système pédagogique en Allemagne est déjà très sélectif. La recherche a démontré que les enfants issus de familles à « bas-niveau d'éducation » (familles où personne n'a étudié), les enfants issus de familles de la classe ouvrière en particulier, sont extrêmement défavorisés.

Les enquêtes sociales menées régulièrement par l'association pour le bien-être des étudiant(e)s, DSW, ont été particulièrement utiles. D'autres études ont démontré que les jeunes sortant de l'école qui se sont qualifiés pour la formation continue ont été dissuadés de s'adresser à des établissements d'enseignement supérieur par la discussion sur les frais de scolarité.

Parce que la responsabilité de la politique de l'enseignement supérieur incombe aux Länder en Allemagne, la question des frais de scolarité n'est pas débattue au Parlement national(Bundestag). Cette question est décidée dans les parlements régionaux.

Après que les critiques des frais de scolarité ont réussi à en faire un enjeu électoral, les Sociaux-démocrates et les Verts ont lentement commencé à défendre cette préoccupation et se sont présentés pendant les campagnes électorales comme étant opposés aux frais de scolarité. Il y aura des élections en Bavière et en Basse-Saxe en 2013, là où les établissements d'enseignement supérieur demandent encore des frais de scolarité, de sorte qu'ils pourraient se voir supprimés même dans ces Etats.

Un résultat important est que le courant néolibéral de politique sur l'éducation, encore dominant en Allemagne au début du 21ème Siècle, s'est trouvé confronté à une crise vis-à-vis de l'acceptation du public. Il y a dix ans à peine, l'opposition catégorique aux frais de scolarité a été ridiculisée au cours de débats de groupe comme étant anachronique. L'humeur générale est aujourd'hui en faveur de la gratuité de l'enseignement.

De bonnes raisons de s'opposer aux frais de scolarité

Le Gewerkschaft Erziehung und Wissenschaft(GEW), qui est aussi l'un des membres allemands de l'Internationale de l'Education (IE), a toujours été inébranlable dans son opposition aux frais de scolarité.

Il a été le co-fondateur de l'alliance contre les frais de scolarité (ABS) et a activement soutenu de nombreuses protestations contre ces derniers. Du point de vue du GEW, les raisons suivantes sont essentielles au maintien de la gratuité de l'enseignement supérieur:

· La société de la connaissance au 21ème siècle demande un nombre plus élevé, et non pas moindre, de diplômés hautement qualifiés. Le GEW demande à ce que l'enseignement supérieur soit ouvert à une plus large base sociale - l'expansion des établissements d'enseignement supérieur pour répondre aux besoins, le libre accès à l'enseignement supérieur et l'inclusion des personnes qui se qualifient grâce à leur expérience de travail plutôt que par des examens scolaires. Il est également important d'améliorer l'aide financière aux étudiants afin que leurs revenus ne dépendent pas de leurs parents.

· Les frais de scolarité portent atteinte à l'égalité des chances dans le système pédagogique. Ils sont antisociaux, car ils font en sorte que l'accès à l'enseignement supérieur et les perspectives d'un bon diplôme dépendent de la situation financière de l'individu. Par conséquent, ils aggravent les inégalités sociales dans les possibilités d'éducation. C'est pourquoi les frais de scolarité dissuadent les enfantsissus de familles à faible niveau de scolarité et socialementdéfavorisées de rechercher un diplôme universitaire. Les données montrent aussi qu'ils dissuadent les femmes, qui reçoivent moins d'aide et d'encouragement, et pour qui l'idée de financer leurs études par des prêts constitue un fardeau plus lourd à porter car elles peuvent s'attendre à gagner un revenu plus faible au cours de leur vie.

· Nous n'avons pas besoin de voir les personnes qui tirent profit de leur qualification académique contribuer la plus grosse part aux coûts de l'enseignement supérieur. Nous avons besoin d'un régime fiscal fondé sur la justice sociale. Cela permettra d'assurer que les personnes à hauts salaires paient leur juste part pour la création d'un système d'enseignement public efficace.

· L'enseignement supérieur n'est pas un bien échangeable, mais bien un droit de l'homme. C'est pourquoi le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels prévoit un droit à l'éducation (article 13) et consacre explicitement un engagement vis-à-vis de l'instauration progressive de la gratuité scolaire. Introduire ou augmenter les frais de scolarité constitue une violation de ce pacte, qui a été ratifié par la République fédérale d'Allemagne en 1973. En collaboration avec leFZS, l'organisation faîtière allemande pour les instances représentatives des étudiants, le GEW a signalé cette violation au Comité des droits économiques, sociaux et culturels des Nations Unies à Genève. En 2011, le Comité des Nations Unies a condamné les frais de scolarité comme étant une violation du droit à l'éducation.

· Une université n'est pas une entreprise de services et les étudiants ne sont pas des clients.

Comme c'est le cas pour les enseignants de l'enseignement supérieur, les étudiant(e)s font partie des organes autonomes qui gèrent les universités, le« universitas magistrum et scholarum »(« communauté d'enseignement et d'apprentissage » - Wilhelm von Humboldt). Donner aux élèves une plus grande importance en tant que consommateurs de l'enseignement supérieur, comme s'il s'agissait d'une marchandise, est une très mauvaise façon de s'y prendre pour renforcer leur influence. Au lieu de cela, le GEW a appelé à ce que les étudiant(e)s puissent participer de manière plus importante aux processus décisionnels dans l'enseignement supérieur afin qu'ils puissent exercer une influence sur l'amélioration des cours proposés et de la qualité de l'enseignement.