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Mondes de l'éducation

Peut-on évaluer si les pratiques à l’école et en classe sont en adéquation avec les objectifs nationaux en matière d’éducation? Par Kate Anderson, Helyn Kim, Seamus Hegarty et Martin Henry.

Publié 6 avril 2018 Mis à jour 25 mars 2019
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Plus que jamais, les pays orientent aujourd’hui leurs politiques de manière à doter les enfants et les jeunes d’un large éventail de compétences qui leur permettront de réussir au XXIe siècle [1]. Alors pourquoi cette dynamique, pourtant largement soutenue au niveau politique, ne s’est-elle pas étendue à un plus grand nombre d’écoles? Se pourrait-il que les établissements n’aient pas les moyens d’examiner comment évaluer et transmettre ces compétences?

Une étape importante du processus consiste à examiner si les pratiques à l’école et en classe sont en adéquation avec les objectifs nationaux en matière d’éducation, afin que les différents niveaux du système éducatif travaillent conjointement pour offrir des possibilités d’apprentissage de qualité en vue de développer un large éventail de compétences chez les étudiant(e)s. L’accent tend à être mis sur l’évaluation des acquis d’apprentissage, mais si aucune possibilité n’est offerte pour acquérir les compétences, comment pouvons-nous attendre des étudiant(e)s qu’ils obtiennent des résultats adéquats? Et qu’en serait-il si, en plus d’évaluer un système éducatif sur la base des acquis d’apprentissage affichés par les étudiant(e)s, nous nous penchions également sur les possibilités qui leur sont offertes d’acquérir un large éventail de compétences?

L’ initiative BOLO (Breadth of learning opportunities-L'étendue des possibilités d’apprentissage) a été conçue pour combler ce manque d’informations. Lancée par le Centre pour l’éducation universelle (CUE) de Brookings et l’Internationale de l’Education (IE), l’initiative BOLO vise à développer une approche alternative et complémentaire de l’évaluation actuelle de la qualité de l’enseignement en fournissant des outils destinés à mesurer l’étendue des possibilités d’apprentissage auxquelles les enfants et les jeunes sont exposés dans un système éducatif au niveau national, scolaire et à l’échelle de la classe. Les outils peuvent servir à documenter 1) si des possibilités d’apprentissage sont proposées dans un ensemble de domaines divers et 2) dans quelle mesure les composantes centrales d’un système éducatif (programme scolaire, évaluations, soutien des enseignant(e)s, suivi et ressources scolaires) sont en adéquation à travers les différents niveaux du système afin d’appuyer la fourniture d’une vaste gamme de possibilités d’apprentissage. L’initiative trouve son origine dans les travaux du Learning Metrics Task Force (Groupe de travail sur les indicateurs de mesure de l’apprentissage), qui aspirait à proposer, à l’échelle mondiale, des recommandations pour la mesure de l’apprentissage autres qu’impliquant une réduction des programmes et de l’instruction.

La boîte à outils BOLO a été mise au point par un consortium de chercheurs/euses, de décideurs/euses et de praticien(ne)s. Le CUE et l’IE ont convoqué un groupe de travail international afin de développer le cadre et les premières versions des outils, puis ont travaillé avec les gouvernements et les organisations partenaires dans neuf pays afin de mettre à l’essai les outils.

Comment fonctionnent les outils

On interroge les enseignant(e)s sur la manière dont ils abordent le programme scolaire dans chacun des sept domaines d’apprentissage. Au Kenya, des enseignant(e)s du secondaire ont été étonnés de constater qu’ils/elles étaient censés proposer des cours sur les technologies de l'information et de la communication (TIC), alors même qu’ils/elles ne disposent pas de l’infrastructure requise à cette fin, mais ils/elles ont été agréablement surpris par l’étendue des aptitudes sociales et émotionnelles couvertes par leur action au travers d’une infrastructure incluant les conseillers/ères scolaires ainsi qu’un programme culturel riche au niveau de l’école. Le rapport sur les établissements secondaires au Kenya peut être consulté ici.

En Zambie, où le premier projet pilote s’est intéressé aux enseignant(e)s de l’école primaire, eux/elles aussi ont été surpris par les problèmes d’accès aux TIC, mais ils/elles ont été invité(e)s à s’exprimer au sujet de la conception et de la mise en œuvre des programmes. Leur capacité à définir les sept domaines d’apprentissage en fonction de leur propre pays signifiait que l’adaptation au contexte local était à la fois possible et pratique. La version complète du rapport sur la Zambie peut être consultée ici.

De ces deux outils est né l’outil final appliqué au niveau de l’enseignant(e), qui peut être utilisé en association avec l’outil appliqué au niveau de l’école et celui appliqué au niveau politique, afin de mesurer l’étendue de l’apprentissage dans l’ensemble du système.  On peut ainsi identifier les cas où le gouvernement prétend que des contenus sont enseignés alors que les conditions réelles ne permettent pas un tel enseignement, comme dans le cas des TIC au Kenya et en Zambie.

Cette boîte à outils représente un premier pas dans la mesure de l’étendue des possibilités d’apprentissage offertes par un système éducatif, mais d’autres essais pilotes et travaux de recherche seront nécessaires avant d’utiliser ces outils pour informer la prise de décisions dans un contexte de réforme de l’éducation. Nous espérons ainsi que les gouvernements sauront aborder la réforme de l’éducation en s’appuyant sur cette boîte à outils et sur les données connexes afin d’informer les politiques.

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[1] Voir https://www.brookings.edu/research/visualizing-the-breadth-of-skills-movement-across-education-systems/

Note: Ce blog est un résumé du nouveau rapport et de la boîte à outils « Breadth of learning opportunities: A fresh approach to evaluating education systems » disponible en cliquant sur ce lien.

Le contenu et les avis exprimés dans ce blog sont ceux de son auteur et ne reflètent pas nécessairement la position officielle de l’Internationale de l’Education.