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Résolution: Solidarité avec Hong Kong

Publié 25 septembre 2019 Mis à jour 25 septembre 2019

Le 8ème Congrès mondial de l’Internationale de l’Education (IE), réuni à Bangkok du 21 au 26 juillet 2019 :

1. Notant que des centaines de milliers, voire des millions, de manifestants courageux ont envahi les rues de Hong Kong dans ce qui pourrait être la série de manifestations la plus importante depuis la rétrocession de Hong Kong à la Chine en 1997 ;

2. Et que, depuis la Révolte des parapluies en 2014, le Parti communiste chinois a clairement fait savoir qu’il n’avait aucune intention d’engager une réforme politique vers la démocratie, une promesse pourtant inscrite dans la Loi fondamentale ;

3. En outre, la Région administrative spéciale de Hong Kong tolère de moins en moins la dissidence ; et pourtant, les participant·e·s n’ont pas hésité à braver les matraques, les balles en caoutchouc et les gaz lacrymogènes pour manifester pacifiquement ;

4. ATTENDU QUE, de prime abord, les manifestations concernent un projet de loi touchant l’extradition ; si elle était adoptée, la loi marquerait en réalité un tournant désastreux pour l’état de droit à Hong Kong, étant donné que tout·e dissident·e — étudiant·e, activiste des droits de l’homme, dirigeant·e syndical·e, journaliste, homme/femme d’affaires — se retrouverait sous la menace constante d’une extradition soudaine vers la Chine continentale, où toute personne déplaisant au parti au pouvoir verrait ses chances de procès équitable compromises. De telles craintes ne pouvaient exister dans le passé sous le régime « un pays, deux systèmes », Hong Kong bénéficiant d’un système juridique distinct de celui de la Chine continentale ; et

5. ATTENDU QUE 81 pour cent des membres du syndicat des enseignant·e·s de Hong Kong ont exprimé leur opposition au « projet de loi 2019 (amendement) sur la législation relative aux délinquants en fuite et à l’entraide judiciaire en matière pénale » ; et

6. ATTENDU QUE le gouvernement de Hong Kong ne veille pas à la sûreté et à la sécurité de ses citoyen·ne·s ; et que Hong Kong risque de tomber dans l’anarchie. Les hauts fonctionnaires n’ayant pas pris la peine de répondre aux préoccupations des manifestant·e·s, les protestations se poursuivent. La situation se détériore et devient dangereuse, alors que l’intimidation, les menaces et la violence policière se multiplient ; et

7. ATTENDU QUE l’ancienne colonie britannique avait été rétrocédée à la Chine en 1997 sous le régime « un pays, deux systèmes », autorisant des libertés dont ne jouissent pas les citoyen·ne·s de la Chine continentale, y compris la liberté de manifester et l’existence d’un pouvoir judiciaire indépendant. Considérant toutefois la détérioration de la situation :

• Pékin reste maître des décisions politiques de Hong Kong, allant même jusqu’à expulser les législateurs élus en cas de contestation ;• les meneurs des mouvements de protestation encourent des peines de prison excessivement longues ;• les anciens médias indépendants sont contraints à l’autocensure :• on observe une interférence accrue avec la liberté académique sur les campus ; et• les droits de négociation collective sont à peine reconnus et les dispositifs de protection contre la discrimination antisyndicale sont faibles et inefficaces.

En foi de quoi le 8ème Congrès mondial de l’IE décide de :

8. Réaffirmer son entière solidarité avec le syndicat des enseignant·e·s de Hong Kong ; avec les partisans de la démocratie à Hong Kong et à l’appui des valeurs d’égalité, de dignité, de démocratie et de justice, et des libertés ; et

9. Exhorter le gouvernement de Hong Kong à :• retirer le projet de loi sur l’extradition ;• revenir sur les termes employés pour décrire l’affrontement du 12 juin, qui avait été qualifié d’émeute ;• lever toutes les charges retenues contre les manifestant·e·s lors du siège ;• diligenter une enquête indépendante concernant le recours à la force par la police ; et• introduire une réforme politique avec le suffrage universel.

10. Les récents troubles dans les rues de Hong Kong ne doivent pas servir de prétexte justifiant des actes de répression par l’Armée populaire de libération, qui pourraient avoir des conséquences catastrophiques ; et

11. L’Internationale de l’Education devrait affirmer son influence dans les enceintes internationales — telles que l’Organisation des Nations Unies, l’Organisation internationale du Travail, l’Organisation de coopération et de développement économiques et l’UNESCO — afin de consacrer la protection de la démocratie et des droits de l’homme à Hong Kong en tant que condition préalable de tout engagement avec Pékin.