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Maroc : les syndicats de l'éducation réussissent à mettre fin au soutien aux écoles privées pendant la crise du COVID-19

Publié 13 mai 2020 Mis à jour 13 octobre 2023

Au Maroc, dans un développement significatif, les syndicats de l'éducation ont réussi à mettre fin au soutien du gouvernement aux écoles privées pendant la crise de santé publique COVID-19. Ils sont allés encore plus loin et ont pu, grâce à des alliances stratégiques avec des membres du parlement national, poursuivre les personnes ayant exploité la crise de manière frauduleuse.

L'Internationale de l'Éducation et les syndicats de l'éducation au Maroc ont obtenu un succès significatif dans la lutte contre la privatisation et la commercialisation dans le secteur de l'éducation. Cette récente collaboration a interrompu fin mars une initiative d'une fédération d'écoles privées visant à obtenir un soutien financier du nouveau fonds de crise COVID-19.

En outre, la fédération a également demandé une exemption du paiement des salaires des travailleur·euse·s de l'éducation du secteur privé au cas où les parents refuseraient de payer des frais. Et il a demandé la suppression des cotisations à la Caisse nationale de sécurité sociale et a tenté de négocier des exonérations fiscales pour l'année en cours.

Collaboration mondiale

Les syndicats de l'éducation au Maroc ont informé l'Internationale de l'Éducation que ces demandes n'étaient pas fondées et que les mêmes écoles privées obligeaient les parents à payer les frais de scolarité même si les écoles étaient fermées.

En effet, un nombre important d'écoles privées n'ont pas fourni d'éducation, de soutien ou de suivi en ligne aux élèves, au contraire des écoles du secteur public.Tous ces faits se sont déroulés alors que les travailleur·euse·s de l'enseignement public au Maroc ont manifesté leur solidarité avec les personnes les plus touchées par la crise. Les membres de leurs syndicats ont été mobilisés pour qu’ils fassent don de trois jours de leur salaire pendant trois mois au fonds national de solidarité COVID-19. D'autres secteurs publics ont suivi leur exemple, notamment le secteur de la santé.

Pas de profit

Dans une lettre officielle adressée au Premier ministre marocain, l'Internationale de l'Éducation et ses affiliés marocains ont exhorté celui-ci à veiller à ce que ne soit toléré aucun profit réalisé grâce à la crise de santé publique. Ils ont également exhorté le gouvernement à se distancier des prestataires d'enseignement privés qui ne font qu'aggraver les inégalités et la ségrégation dans le pays.

L’Internationale de l'Éducation a également appelé à la protection des conditions d'emploi de tou·te·s les travailleur·euse·s de l'éducation pendant et après la crise du COVID-19.

Elle a soutenu ses affiliés marocains dans leurs efforts pour intensifier leur campagne contre la privatisation et la commercialisation dans le secteur de l'éducation, et pour maintenir leurs activités pendant la crise actuelle.

Rejet

Grâce à l’alliance stratégique des syndicats avec les parlementaires, la question des activités lucratives des écoles privées a été soulevée. En conséquence, le ministre de l'Économie, des Finances et de la Réforme administrative a rejeté toutes les demandes de la fédération des écoles privées lors d'une audition parlementaire.

Le ministre du Travail a également déclaré que les écoles privées qui avaient licencié des enseignant·e·s ou les avaient relégué·e·s au chômage technique et avaient demandé une aide financière pendant que les parents payaient encore les frais de scolarité seraient poursuivies.

Campagne efficace

L'implication des syndicats de l'éducation dans la lutte pour la défense d'un enseignement public de qualité a été largement couverte par les médias locaux et a montré le rôle important que les syndicats continuent de jouer pendant la crise du COVID-19. Cela a également déclenché un énorme soutien de la part de l'opinion publique marocaine.

Certains parlementaires ont même envoyé des demandes au gouvernement pour nationaliser les écoles privées et investir dans un enseignement public gratuit et de qualité.

Les affiliés marocains de l'IE s'attendent à ce que cette crise oblige de nombreuses écoles privées à fermer. En attendant, ils sont déterminés à poursuivre leur lutte contre la privatisation et la commercialisation dans le secteur de l’éducation dans le pays.

Une étude de l'IE met en évidence l'inégalité de l'enseignement privé

Cela apparaît dans le contexte d'une recherche que l'IE, en partenariat avec les syndicats, avait déjà commandée, intitulée Privatisation de l’éducation au Maroc – Un système éducatif à plusieurs vitesses et une société polarisée.

L'étude, publiée en janvier 2020, montre clairement que favoriser l'enseignement privé par rapport à l'enseignement public a aggravé les inégalités et la ségrégation, et présente le travail et les mesures prises par les affiliés dans le domaine jusqu'à présent.

Un résumé de cette étude est disponible ici.