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Les syndicats de l’éducation ont un rôle important à jouer pour atténuer les impacts sexospécifiques de la pandémie au sein de la profession

Publié 25 mai 2021 Mis à jour 3 juin 2021

Comment les syndicats peuvent-ils répondre aux répercussions sexospécifiques de la crise de santé publique au sein de la profession enseignante ? Les organisations membres de l’Internationale de l’Éducation se sont penchées sur la question.

La crise de la COVID-19 exerce une incidence disproportionnée sur les femmes et les filles. La présidente de l’Internationale de l’Éducation, Susan Hopgood, a décrit certaines de ces répercussions dans son intervention à l’occasion de l’ouverture d’un webinaire de l’Internationale de l’Éducation sur le thème « Régression de l’égalité de genre à cause de la COVID-19 : Un enjeu pour les syndicats de l’éducation ? », le 20 mai.

Elle a fait observer que le fardeau des soins avait augmenté pour les femmes et les filles dans le contexte de la pandémie et qu’un nombre disproportionné de femmes avaient perdu leur emploi.

En 2020, a-t-elle souligné, les organisations membres de l’Internationale de l’Éducation ont documenté une augmentation des inégalités dans le secteur éducatif, pour les élèves ayant des besoins spécifiques mais aussi pour celles et ceux issu·e·s de groupes marginalisés. Parmi les autres répercussions de la pandémie de COVID-19, les affiliés ont signalé des risques accrus de violence fondée sur le genre, de travail des enfants, de mariage d’enfants ou de grossesse précoce, a déclaré Hopgood.

COVID-19 : une catastrophe sociale dont les premières victimes sont les femmes

La professeure Raewyn Connell (professeure émérite à l’Université de Sydney et membre à vie du National Tertiary Education Union– NTEU, Australie), principale intervenante lors de ce webinaire, a souligné dans sa présentation : « La COVID-19 n’est pas seulement un enjeu sur le plan médical, elle est une catastrophe sociale. Et une partie de la dimension sociale de la pandémie réside dans sa dimension de genre. »

Dans sa présentation, la professeure Connell a évoqué le besoin accru de soins et d’accompagnement durant la pandémie, le fardeau des soins domestiques pesant plus lourdement sur les femmes et les filles que sur les hommes et les garçons. Elle a fait observer que l’Organisation mondiale de la Santé avait mis en relief une proportion de 70 pour cent de femmes parmi les personnels de santé à travers le monde, la plupart occupant des emplois occasionnels et précaires.

Une autre facette de la dimension de genre relevée par la professeure Connell est le taux élevé de morbidité chez les hommes, par comparaison avec les femmes. On ne dispose pas encore de travaux de recherche suffisants afin de l’expliquer, mais il s’est avéré que les hommes étaient par exemple plus enclins à ne pas porter de masque facial dans divers pays. On note en outre un degré élevé d’incohérence dans les réponses politiques au sein de différents pays, en particulier dans les pays dirigés par des hommes décidés à prendre des risques.

Les syndicats, des acteurs décisifs pour la protection de l’éducation

À propos d’une mission essentielle des syndicats de l’éducation pendant et après la pandémie, la professeure Connell a déclaré : « Il est essentiel de protéger les services assurés par les écoles, les collèges et les universités en mettant fin aux réductions de salaires et à la surcharge de travail qui empêchent les enseignant·e·s de fournir des services pédagogiques de qualité à leurs élèves. Nous devons poursuivre la lutte contre l’emploi précaire des enseignant·e·s et autres personnels de l’éducation. »

Elle a soutenu que les syndicats étaient en droit d’exiger une formation en cours d’emploi autour des problématiques induites par la pandémie en ce qui concerne les programmes scolaires, allant des questions de santé aux compétences pratiques, en passant par les préoccupations morales.

Reconnaissant « l’importance de la solidarité », la professeure Connell a appelé les syndicats de l’éducation à agir conjointement avec les syndicats représentant les travailleur·euse·s de la santé et du soin, une main-d’œuvre occasionnelle qui assure des services essentiels durant la pandémie.

Partager les expériences et les stratégies

Les participant·e·s au webinaire ont partagé leurs expériences et leurs stratégies dans des « salles de travail en petit groupe » Zoom (breakout rooms), évoquant les mesures prises par les syndicats de l’éducation pour répondre aux impacts sexospécifiques de la COVID-19.

Ces discussions en petits groupes ont abordé les points suivants :

  • Les dimensions sexospécifiques de la COVID-19 dans la profession enseignante en ce qui concerne la charge de travail du personnel, la charge émotionnelle et l’équilibre travail/vie personnelle ;
  • Les expériences des étudiant·e·s et du personnel en matière de violence, d’abus et de harcèlement fondés sur le genre en période de confinement ;
  • « Publish or perish » (Publier ou mourir) en temps de pandémie : les implications pour les femmes dans l’enseignement supérieur ; et
  • Appuyer la participation accrue des femmes au sein des syndicats de l’éducation en temps de pandémie : soutenir les nouvelles opportunités.

En clôture de l’événement, Hopgood, a déclaré : « La pandémie est une catastrophe sociale, dont les retombées diffèrent selon le genre à bien des égards. C’est ce que vivent concrètement les syndicats de l’éducation, les femmes enseignantes et les élèves. Il est important d’y remédier. »

Remerciant la professeure Connell pour son exposé, Hopgood a ajouté que les propos et les messages véhiculés par cette dernière parlaient à son cœur et à son âme.

Un enregistrement édité de la présentation de la professeure Connell sera disponible sur le site Web de l’Internationale de l’Éducation dans les prochains jours.