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Enfants migrants à l'école, Jordanie (Bernd von Jutrczenka/DPA/Reporters)
Enfants migrants à l'école, Jordanie (Bernd von Jutrczenka/DPA/Reporters)

Journée mondiale des réfugiés : les syndicats de l'éducation soutiennent les étudiant∙e∙s et les éducateur∙trice∙s réfugié∙e∙s

Publié 18 juin 2021 Mis à jour 6 décembre 2021

La pandémie de COVID-19 a eu un impact désastreux sur les étudiant∙e∙s réfugié∙e∙s, les enseignant∙e∙s et les autres personnels de l'éducation. A l'occasion de la Journée mondiale des réfugiés, les syndicats de l'éducation exhortent les gouvernements à garantir une éducation inclusive et des conditions de vie, d'apprentissage et de travail décentes pour tous les migrant∙e∙s.

“Ensemble, nous guérissons, nous apprenons et nous brillons”

La Journée mondiale des réfugiés 2021 est axée sur le pouvoir de l'inclusion. Le thème retenu cette année pour la Journée mondiale des réfugiés est le suivant : "Ensemble, nous guérissons, nous apprenons et nous resplendissons".

« L'expérience partagée de la COVID-19 nous a montré que nous ne pouvons réussir que si nous sommes solidaires. Nous avons tous dû apporter notre contribution pour assurer la sécurité de chacun et, malgré les difficultés, les réfugiés et les personnes déplacées ont su se montrer à la hauteur. Si on leur en donne la possibilité, les réfugiés continueront à contribuer à un monde plus fort, plus sûr et plus dynamique. Cette année, nous plaidons pour une plus grande inclusion des réfugiés dans les systèmes de santé, les écoles et le sport. Ce n'est qu'en travaillant ensemble que nous pourrons nous remettre de la pandémie. »

- HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés.

Le droit à l'éducation à chaque étape de la vie

Selon le Rapport sur l'éducation 2020 du HCR, qui a été publié avant la pandémie, Coming Together for Refugee Education(en anglais), plus de 1,8 million d'enfants réfugiés n'étaient pas scolarisés. Ce chiffre correspond à 48 % de la totalité des enfants réfugiés en âge d'être scolarisés.

Le rapport souligne que les options en matière d'éducation offertes aux enfants réfugiés se sont dramatiquement effondrées après l'école primaire ; moins de la moitié des enfants réfugiés qui ont commencé l'école primaire ont atteint l'école secondaire. Seuls 31 % des enfants réfugiés étaient inscrits dans le secondaire en 2019 – soit une augmentation de deux points par rapport à l'année précédente, ce qui signifie des dizaines de milliers d'enfants supplémentaires scolarisés.

Au niveau primaire, le taux de scolarisation brut des enfants réfugiés s'élevait à 77 %, un niveau qui est resté constant depuis 2019.

Trois pour cent des jeunes réfugiés étaient inscrits dans des formations relevant de l'enseignement supérieur - ce qui inclut l'enseignement et la formation techniques et professionnels aussi bien que les cours universitaires. Ce pourcentage est resté le même année après année.

Pour les filles, le constat était déjà particulièrement sévère avant le COVID-19. Presque tous les progrès accomplis au niveau secondaire en 2019 concernaient les garçons : 36 % des garçons réfugiés étaient inscrits dans l'enseignement secondaire, contre seulement 27 % des filles.

D'après le rapport, si les enfants de tous les pays ont été confrontés à l'impact de la COVID-19, les enfants réfugiés ont été particulièrement touchés. Les chiffres de l'ONU montrent que l'éducation de 1,6 milliard d'apprenant∙e∙s à travers le monde, dont des millions de réfugié∙e∙s, a été bouleversée.

« La COVID-19 a fait la preuve de l'importance de la solidarité mondiale. Les étudiants réfugiés, les enseignants et leurs familles doivent constituer une priorité au moment où nous reconstruisons. Avec nos organisations membres du monde entier, nous demandons instamment aux gouvernements de garantir un enseignement public de qualité et inclusif aux réfugiés, de protéger les éducateurs et les étudiants réfugiés, et de reconnaître l'expérience et les qualifications des enseignants réfugiés. »

- David Edwards, secrétaire général de l'Internationale de l'Éducation

L'Internationale de l'Éducation : protéger les migrant∙e∙s et faire respecter les normes internationales

L'Internationale de l'Éducation appelle les gouvernements à :

  • Protéger et faire respecter les droits humains de tous les réfugié∙e∙s, y compris les enfants, les jeunes, les enseignant∙e∙s, les chercheur∙euse∙s et les personnels de soutien à l'éducation.
  • Assurer à tous les enfants et jeunes, y compris les réfugié∙e∙s, un accès équitable à l'enseignement public.
  • Mettre en œuvre le Pacte mondial sur les réfugiés des Nations Unies et traiter rapidement tous les retards qui auraient été causés par la pandémie.
  • Effectuer des audits en matière d'équité dans le secteur de l'éducation en évaluant systématiquement l'impact des fermetures des écoles et des établissements d'enseignement sur les étudiant∙e∙s, les enseignant∙e∙s, les chercheur∙euse∙s et les personnels de soutien à l'éducation les plus vulnérables, y compris les personnes ayant un passé ou un statut de réfugié, et s'attaquer en urgence aux principaux problèmes d'équité qui se sont aggravés avec la pandémie.
  • Préserver la dignité et les droits de tou∙te∙s les travailleur∙euse∙s migrant∙e∙s en ratifiant et en appliquant la Convention 143 de l'Organisation internationale du travail et d'autres normes internationales du travail pertinentes, et en incluant les travailleur∙euse∙s migrant∙e∙s et leurs familles, quel que soit leur statut migratoire, dans les politiques et plans de relance économique post-COVID-19.

L'Internationale de l'Éducation soutient l'éducation inclusive

L'importance de l'éducation inclusive a été réaffirmée à l'occasion du 8e Congrès mondial de l'Internationale de l'Éducation, qui s'est tenu en 2019 à Bangkok, en Thaïlande. Les délégué∙e∙s ont approuvé la Résolution sur la protection des droits des enfants et des jeunes migrants et réfugiés, qui rappelle que « les gouvernements nationaux doivent protéger les enfants et jeunes migrants et réfugiés contre la détention, la séparation d’avec leurs proches, le travail des enfants, le recrutement forcé dans des groupes armés, l’exploitation sexuelle, le mariage forcé et la violence ».

La résolution souligne que « l'éducation est la clé d’une intégration réussie des enfants et jeunes migrants et réfugiés dans la société. Les enseignant·e·s devraient se voir offrir les moyens, l’autonomie et le soutien nécessaires pour répondre au mieux aux besoins des enfants et jeunes migrants et réfugiés. »

Le même congrès, via la Résolution sur l'éducation des réfugiés, indique que 68,5 millions de personnes sont déplacées de force dans le monde, dont 25,4 millions sont des réfugiés. De plus, 52 % de ces réfugiés ont moins de 18 ans, et 7,4 millions sont en âge d'être scolarisés. La résolution dénonce le fait que quatre millions d'enfants réfugiés ne sont pas du tout scolarisés.

Cette résolution appelle l'Internationale de l'Éducation et ses organisations membres à continuer à soutenir les campagnes et les initiatives visant à aider les enfants réfugiés et leurs familles à accéder à une éducation de qualité. Elle les invite également à continuer à faire pression sur les gouvernements nationaux et les institutions internationales, en se référant à la Convention relative aux droits de l'enfant, afin de :

  • Allouer prioritairement une aide financière pour l’éducation des réfugiés, des personnes déplacées de force ou par des catastrophes naturelles et des personnes ayant besoin d’une protection internationale ;
  • Permettre aux enseignant·e·s et aux personnels de soutien à l’éducation réfugiés de continuer à exercer leur métier dans leur nouveau pays; et
  • Fournir aux syndicats d’enseignants un soutien/une formation sur la manière de réagir aux effets de la crise des réfugiés dans leur pays ou système éducatif respectif et à améliorer leurs systèmes d’éducation afin de garantir le droit universel à l’éducation sans exception.

Les syndicats d'enseignants proactifs en matière de droits des réfugié∙e∙s

L'Internationale de l'Éducation et ses affiliés se sont mobilisés sur cette question dans le monde entier.

Plus récemment, les affiliés de l'Internationale de l'Éducation dans la région africaine ont demandé aux gouvernements de mener une action énergique en faveur des réfugié∙e∙s, des migrant∙e∙s et des personnes déplacées à l'intérieur de leur pays(en anglais), par exemple en adoptant des plans d'urgence à tous les niveaux pour pouvoir gérer les mouvements de population à grande échelle en temps de crise, en ratifiant et en mettant en œuvre les conventions des Nations Unies et de l'Organisation internationale du Travail relatives aux migrant∙e∙s, ou en assurant une formation gratuite et un recyclage professionnel permanent aux enseignant∙e∙s migrant∙e∙s, réfugié∙e∙s et locaux∙ales afin qu'il∙elle∙s puissent répondre aux besoins spécifiques des enfants et des jeunes migrants.

Au Liban, à plusieurs reprises, les syndicats ont averti le ministère de l'Éducation que les élèves et les enseignant∙e∙s réfugié∙e∙s étaient confronté∙e∙s à une crise de l’éducation, aggravée par la COVID-19. Ils ont souligné l'importance de l'impact de la crise des réfugié∙e∙s syrien∙ne∙s sur un système d'enseignement public déjà fragilisé, secoué notamment par la plus grave crise économique depuis 30 ans.