Ei-iE

Hongrie : un renouveau syndical de qualité grâce à la solidarité internationale

Publié 23 mars 2022 Mis à jour 25 mars 2022

Avec l’appui du Syndicat national des enseignements de second degré–Fédération syndicale unitaire (SNES-FSU) de France, le Pedagógusok Szakszervezete–Syndicat des Enseignants de Hongrie (PSZ-SEH) a mis en place des formations syndicales privilégiant ses jeunes membres.

Le travail de coopération au développement entre les deux syndicats a été mis en place à partir de 2019 suite à la demande du PSZ-SEH, avec qui le SNES-FSU a des relations d’amitié et de travail depuis de nombreuses années.

La question du renouveau syndical est également une priorité de travail pour le Comité syndical européen de l’éducation (CSEE), la région européenne de l’Internationale de l’Éducation.

« Pour le SNES-FSU, la coopération au développement est « une des dimensions de notre activité syndicale internationale », explique Sophie Vénétitay, secrétaire générale du SNES-FSU. Dans notre organisation interne, nous accordons aussi une grande attention à la question du renouvellement des équipes militantes et, lors du Congrès mondial de l’Internationale de l’Éducation organisé à Bangkok en Thaïlande, « la délégation SNES-FSU avait vu de jeunes militants et militantes de nombreuses autres organisations syndicales engagés sur ces questions. »

Un renouvellement syndical nécessaire pour le PSZ-SEH

De son côté, la présidente du PSZ-SEH, Zsuzsa Szabó reconnaît que « le vieillissement de nos membres, la perte d’affiliés et affiliées d’âge actif, et par conséquent, la diminution de nos effectifs, est un défi sérieux pour le PSZ-SEH. Il y a très peu de jeunes parmi nos affiliés. La majorité des membres a plus de 55 ans. Ainsi, il est extrêmement important de rajeunir notre organisation, d’interpeler les jeunes du secteur et de les recruter. Ils sont regroupés dans le groupe Jeunes (PSZ Ifjúsági Tagozat). »

Elle souligne aussi que parmi les dirigeant∙e∙s de son syndicat au niveau local, « dont le travail est extrêmement important pour l’organisation », il n’y a que très peu qui sont des travailleur∙euse∙s actifs dans l’enseignement, beaucoup sont retraité∙e∙s.

Certain·e·s étaient déjà des élu∙e∙s retraité∙e∙s d’une structure territoriale du PSZ-SEH avant même 2013, date de la réforme de l’enseignement public. « Il se peut que ces personnes ne connaissent pas à fond les problèmes d’actualité dans le processus d’enseignement en Hongrie. Et cela veut dire que les syndiqués dans les comtés ayant ces dirigeants ne bénéficient probablement pas du soutien syndical nécessaire, de la représentation globale de leurs intérêts par le PSZ-SEH », avertit Szabó.

Par ailleurs, elle rappelle que le PSZ-SEH tiendra son congrès pour les élections en juin 2023, tandis que les élections au niveau territorial commenceront déjà en automne 2022 : À la suite de ces élections, nous préconisons d’avoir le plus grand nombre possible de dirigeants formés, de jeunes enseignants. Et cela veut dire qu’il sera nécessaire de les former ! »

Outre l’importance du recrutement de jeunes prêt∙e∙s à s’assumer le travail syndical, il est indispensable de les munir de connaissances, d’assurer leur formation pour faire face à ce qui les attend, afin d’assurer aux membres une représentation syndicale efficace et effective, précise-t-elle.

Elle regrette par ailleurs qu’il soit de plus en plus difficile de recruter des jeunes qui soient prêt∙e∙s à s’engager pour faire du travail syndical en tant qu’élu∙e∙s.

La première activité concrète de réflexion et de travail entre le PSZ-SEH et le SNES-FSU a eu lieu lors d’un atelier sur le renouveau syndical tenu sur deux jours à Budapest en mai 2019.

Cet atelier a réuni 25 participant∙e∙s issu∙e∙s du PSZ-SEH, à la fois des jeunes militant·e·s issu·e·s des différentes régions du pays, regroupé∙e∙s dans le groupe Jeunes du PSZ-SEH, et des militant·e·s expérimenté·e·s, avec un équilibre entre hommes et femmes.

Les échanges ont tourné autour de diverses questions :

  • Comment faire pour syndiquer davantage d’enseignant·e·s dans les établissements scolaires ?
  • Comment collecter plus de cotisations ?
  • Comment expliquer les actions et orientations du syndicat ?
  • Comment l’argent est-il utilisé ?
  • Comment faire que les informations soient mieux partagées au sein du syndicat ?
  • Comment mettre en place une vraie politique de syndicalisation pertinente, cohérente, partagée et mise en œuvre par les militant·e·s ?

La formation syndicale des militant·e·s

Des demandes pour une meilleure formation syndicale sur la durée des équipes militantes, avec des objectifs à moyen et long terme, ont émergé.

De plus, la question a été abordée de savoir comment se servir des outils de communication pour améliorer les échanges, les interactions entre membres.

« Le SNES-FSU ne cherche pas à imposer un schéma ou un programme de travail. Nous avons essayé de répondre au mieux à leurs questions sur les dispositifs de formation de nouveaux militants », a souligné Odile Cordelier, membre du secteur international du SNES-FSU et vice-présidente du CSEE. Nous avons expliqué, entre autres, les droits des enseignant∙e∙s français à la formation syndicale, avec la possibilité de prendre 12 journées pour cette dernière.

Réflexion pour un futur programme

« La coopération syndicale est aussi un facteur de motivation, pour penser à s’engager sur des voies auxquelles on n’aurait pas pensé avant », ajoute Szabó.

L’atelier mené en commun avec le SNES-FSU a suscité un indéniable intérêt pour la formation syndicale parmi les membres du PSZ-SEH. Sous l’impulsion de la présidente du PSZ-SEH, des jeunes militant·e·s ont ensuite participé à des sessions de formation en ligne visant à leur apporter des connaissances de base sur le syndicalisme.

Celle-ci estime que « nous devrons continuer la formation de ceux et celles qui réussissent le test spécialement conçu pour cette série de stages. Sur 100 personnes qui ont commencé la formation, 64 ont fini le stage, dont 38 membres du PSZ-SEH. Nous devons en particulier leurs donner des cours en droit du travail, particulièrement importants pour la lutte syndicale, afin d’avoir aux élections des candidats et candidates formés. »

Elle confirme de plus le souhait de son syndicat de poursuivre l’activité de formation commencée à l’aide du SNES-FSU.

L’impact de la pandémie de COVID-19

Elle reconnaît néanmoins que la crise sanitaire fait peser « un danger réel pour notre projet de formation. Le nombre d’infectés est à nouveau en hausse en Hongrie. Il serait opportun de recommencer au plus vite les stages, tant que la participation présentielle est encore possible. Au cas où la pandémie nous empêche d’organiser l’atelier de formation de trois jours en présentiel, le PSZ-SEH propose de faire au printemps 2022 trois stages d’une journée en fin de semaine. »

Les groupes cibles pour ces stages sont :

  • Les membres du PSZ-SEH qui ont participé au stage organisé sous l’égide du Forum pour la coopération des syndicats ( Szakszervezetek Együttműködési Fóruma, SZEF).
  • Les membres du groupe Jeunes du PSZ-SEH qui ont participé au stage organisé préalablement à l’aide du SNES-FSU.

Pour la dirigeante du PSZ-SEH, les thèmes à travailler en priorité lors de ces stages de formation sont les suivants :

  • Activités de promotion du travail en équipe, développement de la personnalité, assertivité, développement des aptitudes de communication, techniques de négociation.
  • Présentation du travail et des résultats du PSZ-SEH, évaluation des actions entreprises depuis 2018, recherche de solutions face aux défis auxquels nous devrons faire face dans les années à venir et activités ciblées spécialement sur l’implication des jeunes.

Coopération possible avec les collègues slovaques

Un apport possible du SNES-FSU consiste à favoriser les échanges entre le PSZ-SEH et un syndicat slovaque, le Trade Union of Workers in Education and Science in Slovakia (OZPŠAV), un autre membre du CSEE et de l’Internationale de l’Éducation, selon Sophie Vénétitay.

Elle fait remarquer que l’OZPŠAV traite bien les questions de coopération au développement et a organisé des ateliers sur le renouveau syndical. Elle se réjouit ainsi qu’il y ait eu « un échange sur l’idée de faire venir en Hongrie un militant de Slovaquie pour participer à leur travail sur cette thématique du renouveau syndical, si crucial en Hongrie ».