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Des conditions de travail décentes pour les personnels de soutien de l’éducation!

Publié 17 mai 2022 Mis à jour 10 juin 2022

À occasion de la Journée mondiale des personnels de soutien de l’éducation (PSE), l’Internationale de l’Éducation a organisé un événement virtuel au cours duquel les organisations membres représentant les PSE à tous les niveaux de l'enseignement et aux quatre coins du monde ont souligné le rôle essentiel, et pourtant méconnu, joué par les PSE dans des systèmes éducatifs de qualité, ainsi que la nécessité de leur offrir des conditions de travail décentes.

Les PSE sont le ciment des établissements d'enseignement de qualité

En ouvrant le webinaire, Susan Hopgood, la Présidente de l'Internationale de l'Éducation, a rappelé que « depuis plus de deux ans, nous avons vu les communautés éducatives se mobiliser et s'unir pour faire tout ce qu'il fallait pour préserver l'éducation, soutenir les personnes endeuillées et aider les étudiants et étudiantes qui se battent pour rattraper leur retard après de longues fermetures des établissements d'enseignement. Les personnels de soutien à l'éducation, dans tous leurs rôles, ont joué un rôle déterminant dans la réalisation de cet objectif. »

Elle a poursuivi en soulignant : « En temps de crise, et en tout temps, les personnels de soutien à l'éducation effectuent un travail essentiel pour maintenir des communautés éducatives heureuses, sûres, saines et dynamiques. En travaillant en interdépendance et en collaboration avec les enseignants et enseignantes, les chercheurs et chercheuses et les autres travailleurs et travailleuses de l'éducation, ils et elles sont la colle qui maintient ensemble des institutions éducatives de qualité, à tous les niveaux, de la petite enfance à l'enseignement supérieur. »

Tout en regrettant que la contribution de ces professionnel∙le∙s à une éducation de qualité soit systématiquement méconnue et sous-évaluée à l'échelle internationale, elle a dénoncé le fait que, dans de nombreux cas, nous pouvons observer des tendances à la privatisation et à l'externalisation accrues de fonctions essentielles des PSE, ou à la déprofessionnalisation des PSE en raison de mauvaises conditions de travail, du manque d'opportunités de développement professionnel et du recrutement d’un personnel sous-qualifié.

Une telle situation est inacceptable, a-t-elle affirmé. « Pour que tous les étudiants et étudiantes bénéficient d'une éducation de qualité, dans chaque école ou chaque université et dans chaque pays, nous avons dès maintenant besoin que les personnels de soutien à l'éducation bénéficient d'un travail décent ! »

Hopgood a appelé tous les gouvernements à adopter la Déclaration de l’Internationale de l’Éducation relative aux droits et au statut des personnels de soutien à l’éducation et a incité les organisations membres de l'Internationale de l'Éducation à travers le monde à utiliser cette Déclaration comme un outil de lutte pour le droit de leurs membres à un travail décent.

L'OIT soutient les éducateur∙trice∙s

Oliver Liang, Chef de l'Unité des services publics et privés à l'Organisation internationale du Travail (OIT), a expliqué que « l'OIT avait l'habitude de se concentrer sur les enseignants et enseignantes, mais qu'elle reconnaît désormais l'importance de se consacrer également à d'autres groupes comme les chefs et cheffes d'établissement et les PSE. En réalité, c’est toute une équipe de personnes qui soutiennent l'élève dans son parcours d'apprentissage. C'est pourquoi l'OIT utilise désormais le terme inclusif d’’éducateurs et éducatrices’ pour désigner les enseignants et enseignantes, les chefs et cheffes d'établissement, les PSE et tous les travailleurs et toutes les travailleuses du système éducatif. »

La pandémie de COVID-19 a encore accentué ce message, a-t-il fait remarquer, dans la mesure où ces « héros et héroïnes » ont contribué à la préservation de l'éducation pendant la pandémie.

L'OIT reconnaît le rôle important des PSE en tant que travailleurs et travailleuses de première ligne qui méritent d'être protégés contre la violence et les maladies, a-t-il ajouté. L'organisation est soucieuse du bien-être des éducateurs et éducatrices et du respect de leur rôle dans le dialogue social.

Lutter contre la restructuration constante du travail de PSE dans l'enseignement supérieur

Le webinaire a accueilli des participant∙e∙s de la 3e Conférence mondiale de l’UNESCO sur l’enseignement supérieur qui s'est déroulée à Barcelone, en Espagne, du 18 au 20 mai, et a mis l'accent sur la contribution fondamentale des personnels de soutien à un enseignement supérieur de qualité pour tous et toutes.

Alison Barnes, présidente de la National Tertiary Education Union (NTEU), Australie, a souligné que les PSE du secteur de l'enseignement supérieur, qui sont principalement des femmes, ont été particulièrement touché∙e∙s par la pandémie. Il∙Elle∙s ont souffert de pertes d'emploi et d'une restructuration constante de leur travail, ce qui a entraîné « des conséquences dévastatrices pour ceux et celles qui assument ce travail, avec une augmentation massive de leur charge de travail, mais aussi une dégradation des conditions d'apprentissage des étudiants et étudiantes ».

Les PSE continuent de vivre dans la crainte des pertes d'emploi, des restructurations et dans le sentiment que leur travail n'est pas apprécié par les dirigeant∙e∙s des universités et les gouvernements, a-t-elle fait observer.

Par conséquent, la NTEU :

  • Attire l'attention sur les problèmes auxquels sont confrontés ces travailleur∙euse∙s.
  • Plaide pour un plafonnement du nombre de restructurations par individu et par an.
  • Exige que le travail effectué en dehors des heures normales de travail soit rémunéré.
  • Cherche à protéger les PSE contre une intensification de la charge de travail.

En dépit de la fierté qu'ils éprouvent à effectuer leur travail, les PSE sont épuisés

Valérie Fontaine, présidente de la Fédération du personnel de soutien de l’enseignement supérieur-Centrale des syndicats du Québec (FPSES-CSQ), Canada, a indiqué que son syndicat dénonçait la pénurie qui frappe les PSE, la privatisation rampante liée à cette pénurie et le manque de reconnaissance. « Lorsque des PSE quittent leur emploi, ils ne sont pas remplacés, pour des raisons de financement et de pénurie de travailleurs, ce qui se traduit par une augmentation de la charge de travail pour ceux qui restent. Même s'ils sont fiers de leur travail, les PSE sont épuisés. »

La FPSES-CSQ présente les revendications suivantes :

  • Une meilleure reconnaissance des PSE par la direction des universités.
  • La création d'une culture de la collaboration.
  • Des augmentations et des rattrapages salariaux pour restaurer le pouvoir d'achat.
  • Un service public qui redevient un employeur de choix.
  • Des investissements dans les PSE.

Fontaine a rappelé que "les établissements d'enseignement ne peuvent pas fonctionner sans nous. Nous devons renforcer le sentiment d'appartenance à un syndicat, afin de développer la fierté de représenter les PSE."

Défis et réussites des syndicats en matière de soutien aux PSE

Guelda Andrade de la Confederação Nacional dos Trabalhadores em Educação Educadores (CNTE)/Brésil, Jose Luis Garcia Mancera de la Federacion De Enseñanza De Comisiones Obreras (FE.CC.OO.)/Espagne, Pablo De León de l’ Asociación de Trabajadores de Educación Secundaria (ATES)/Uruguay, Debra Ward Mitchell de la National Education Association (NEA)/USA, Julie-Anne Roberts et Ally Kemplen du New Zealand Educational Institute (NZEI), et Sylvester Mutindindi du Zimbabwe Educational Scientific, Social & Cultural Workers’ Union (ZESSCWU) ont ensuite pris la parole pour évoquer les expériences des membres de l'Internationale de l'Éducation représentant les PSE dans tous les secteurs et dans les différentes régions.

Parmi d'autres questions, ils ont souligné que :

  • Les écoles sont des espaces où les enfants se développent en tant qu'êtres humains et ont donc besoin de professionnel∙le∙s, comme les PSE, qui y travaillent, et d'un réseau pour les défendre.
  • Les PSE quittent leur emploi à une fréquence alarmante, en raison du manque de respect à leur égard.
  • Le pouvoir des syndicats et des négociations collectives peut être source d'espoir.
  • Les PSE souffrent souvent de conditions de travail précaires et d'une faible reconnaissance professionnelle.

Les collègues du NZEI ont notamment décrit les succès obtenus par leur syndicat pour améliorer leur statut et leurs conditions de travail.

« En 2017, nous avons présenté des revendications en matière d'équité salariale pour les personnels de soutien. Le gouvernement a accepté de se pencher sur la question, et nous avons pu mener une action de sensibilisation autour du statut des PSE et de leurs conditions de travail par le biais des médias locaux et nationaux. Nous avons eu le courage de raconter nos propres histoires. » Le NZEI a maintenant conclu une convention avec le gouvernement pour mettre fin aux contrats à durée déterminée pour les membres.

Dans ses remarques finales, la modératrice, Marjolaine Perreault, directrice générale de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ)/Canada et membre du Bureau exécutif de l'Internationale de l'Éducation, a déclaré : « Nous devons mettre en lumière les conditions de travail difficiles des PSE, leur surcharge de travail, et poursuivre les actions de l'Internationale de l'Éducation pour promouvoir leur syndicalisation. Au Québec, nous conduirons bientôt des négociations pour le renouvellement des conditions de travail des PSE. Nous allons certainement nous inspirer de nos collègues de Nouvelle-Zélande », a-t-elle ajouté.

Perreault a clôturé la réunion en exhortant les participant∙e∙s à utiliser la Déclaration de l’Internationale de l’Éducation relative aux droits et au statut des personnels de soutien à l’éducation d'appeler leurs gouvernements à garantir un travail décent pour les PSE.

LIEN VERS LA VIDÉO DE DAVID

https://youtu.be/nDGHgwYnRKM