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Exigence de qualité dans l’éducation pour la petite enfance : une ferme réaffirmation mondiale

Publié 22 novembre 2022 Mis à jour 25 novembre 2022

Une délégation de représentant·e·s de l’Internationale de l’Éducation (IE) et de ses organisations membres a officiellement pris part à la Conférence mondiale sur l'éducation et la protection de la petite enfance (WCECCE, selon l’acronyme en anglais) de l’UNESCO. Au cours de ces journées, la délégation a « réaffirmé le droit de tous les jeunes enfants à recevoir une protection et une éducation de qualité dès la naissance » et a instamment demandé aux gouvernements de renouveler leur engagement et leurs investissements dans la réalisation de l'Objectif de développement durable 4.2 (OMD 4.2).

L’éducation commence dès le plus jeune âge

Du 14 au 16 novembre dernier, à Tachkent, en Ouzbékistan, des représentant·e·s de divers États membres de l’UNESCO, des spécialistes du monde entier ainsi que des représentant·e·s d’associations issues de la société civile ont assisté à la Conférence, afin de partager leur expérience, de débattre sur les stratégies à adopter et de prendre des engagements dans les quatre domaines principaux abordés lors de ces journées : inclusion, qualité de l’enseignement et bien-être ; personnels de l'éducation et de la protection de la petite enfance (EPPE) ; innovations dans les programmes ; et rapports entre politique d’éducation, gouvernance et financement.

Bien que la délégation de l’IE ait été relativement restreinte, avec seulement cinq délégué·e·s ayant fait le déplacement – notamment l’ Union of Education Norway (UEN) de Norvège, l’ Alliance of Concerned Teachers (ACT)-Philippines et le Zambia National Union of Teachers (ZNUT) de Zambie –, notre organisation a fortement affirmé sa présence à la conférence et ceci à travers de multiples engagements. Plusieurs représentant·e·s syndicaux·ales ont également suivi la conférence en ligne.

Soutien au secteur public de l’Éducation de la petite enfance et à son personnel

Le 13 novembre, la délégation a rejoint des acteur∙trice∙s de la société civile au Forum de la société civile, organisé en pré-Conférence, afin d’échanger des points de vue sur les bonnes pratiques à adopter et de proposer des solutions aux problèmes que rencontre le secteur de l’Éducation de la petite enfance (EPE).

Le 14 novembre, dans le cadre d’un événement parallèle à la Conférence, une rencontre IE/Organisation internationale du Travail (OIT)/UNESCO a rassemblé d’importants acteurs et décideur∙euse∙s afin d’analyser le rôle joué par la professionnalisation des employé·e·s du secteur de l’EPE dans les progrès réalisés pour atteindre la cible 4.2 du SDG 4. Outre une présentation portant sur le statut des professions d’EPPE et les problèmes actuels que rencontrent les personnes aujourd’hui engagées dans ce secteur, deux tables rondes ont eu lieu et leurs discussions se sont concentrées sur l’importance d’établir des normes, des certifications et la reconnaissance des acquis afin de garantir la qualité des services fournis par tous les établissements d’EPPE et par tous les acteurs de ce domaine.

Nicolai Stensig, consultant expert auprès de l’UEN, a déclaré aux participant·e·s de cet événement : « Ce pour quoi les éducateurs se battent en Norvège n’est pas tellement différent de ce qui préoccupe les enseignants et les auxiliaires d’éducation dans le monde entier. Nous savons qu’une éducation de la petite enfance, de qualité et inclusive, est un bien public et un droit fondamental. Et que les éducateurs d’EPE, travaillant dans des établissements d’État ou non étatiques, méritent des conditions de travail décentes et doivent être traités comme les professionnels qu’ils sont. »

Un événement organisé le 15 novembre par l’IE sous le titre « Éducatrices et éducateurs de la petite enfance : améliorer le statut de la profession » a accueilli de nombreux participant·e·s. Il a permis de mettre l’accent sur l’expérience des travailleur∙euse∙s du secteur de l’EPE, mais aussi sur les progrès qui ont été accomplis dans l’amélioration du travail et des conditions de travail des professions du secteur, ainsi que sur les problèmes posés par la privatisation de l’éducation, l’autonomie de plus en plus limitée dont disposent les enseignant·e·s et les conditions précaires de travail dans l’EPE. Tous ces éléments affectent le statut de la profession et sont à l’origine des réflexions sur la meilleure façon de développer une main-d’œuvre dans le domaine de l’EPE qui soit de qualité et durable.

Nancy Calado, de l’ACT, lorsqu’elle a pris la parole, a fait remarquer que « pour améliorer les conditions de travail des enseignants d’EPE, il faudrait que ces derniers reçoivent un salaire qui leur permette davantage que de simplement joindre les deux bouts. Il faudrait qu’ils reçoivent suffisamment pour pouvoir en être fiers. Un salaire qui leur permette de vivre décemment. La plupart, sinon la totalité, des enseignants en EPE gagnent juste assez pour vivre chaque mois. Et leur offrir les conditions salariales qu’ils méritent, leur permettrait de travailler de façon plus productive sans le stress émotionnel et mental que cause cette situation. »

Emma Phiri Benkele, directrice de la section EPE au ZNUT, a été catégorique sur un autre point : « on peut transformer le secteur de l’EPE en y donnant un rôle aux femmes. On sait que le fait d’avoir des dirigeantes femmes à des postes d’influence engendre un impact sociétal plus large. Cela a aussi une influence sur l’égalité des genres devant les salaires reçus et devant les règles concernant les changements de postes, d’une façon qui, au bout du compte, bénéficie autant aux hommes qu’aux femmes. »

Nécessité d’appliquer les lignes directrices de la politique définie par l’OIT en faveur d'un travail décent pour le personnel de l’éducation de la petite enfance

Un autre événement était organisé en partenariat avec l’OIT afin de débattre, en partageant les expériences de chacun·e, sur la manière de favoriser l’obtention de conditions de travail décentes pour les employé·e·s du secteur de l’EPPE, ainsi que la reconnaissance accordée à la profession. Les importantes lignes directrices pour une politique en faveur de conditions de travail décentes pour les employés du secteur de l’EPE, établies par l’OIT ont constitué un élément fondamental dans les débats.

Pour célébrer les 10 ans de ces lignes directrices, l’an prochain, l’IE organisera diverses initiatives afin de rappeler l’importance de cet outil inégalé au service, dans le monde entier, de la promotion du travail décent pour le personnel de l’éducation de la petite enfance. Les organisations membres de l’IE sont invitées à participer aux initiatives en question sur ce lien.

Projet d’une politique d’EPE en cinq points

Dennis Sinyolo, directeur régional de l’IE pour l’Afrique, a ensuite pris la parole lors de l’une des séances sur des sujets prioritaires, sur la question de la « main-d’œuvre du secteur de l’EPPE », au cours de laquelle il a réitéré l’importance de mettre en place une politique d’action en cinq points : œuvrer à la professionnalisation des enseignant∙e∙s du secteur de l’EPPE ; s’assurer que l’on dispose de ressources suffisantes pour enseigner de façon efficace ; augmenter le salaire des travailleur∙euse∙s du secteur de l’EPPE ; faire que, à travers leur engagement syndical, les enseignant∙e∙s soient parties prenantes du dialogue social portant sur l’amélioration des politiques de leur secteur ; et, enfin, garantir l’engagement des gouvernements à investir dans l’EPPE et dans ses éducateur∙trice∙s.

Déclaration de Tachkent et liste des engagements

L’IE a également tenu un rôle d’observateur auprès du comité en charge de rédiger une première version de la Déclaration de Tachkent qui constitue, avec la liste des engagements à tenir qui l’accompagne, la principale avancée ayant résulté de la WCECCE. Avec des paroles fortes sur l’importance de l’égalité des genres, du dialogue social, d’une régulation à appliquer aux acteurs non étatiques et des investissements que les gouvernements doivent fournir au secteur de l’EPE, la Déclaration est une première étape importante dans la transformation du secteur de l’EPE.

La Déclaration de Tachkent est disponible ici (sous peu, l’UNESCO en mettra en ligne plus de traductions).