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Résolution sur la violence faite aux femmes et aux filles

Publié 22 juillet 1995 Mis à jour 31 mars 2017

La violence faite aux femmes et aux filles doit être analysée comme un moyen de pression et de contrôle de la femme, ayant ses racines dans le pouvoir inégal entre la femme et l'homme qui subsiste encore, et constitue ainsi un obstacle majeur à la réalisation de l'égalité effective de la femme et de l'homme.

PREAMBULE

"1. ... Les termes " violence contre les femmes " désignent tous actes de violence dirigés contre le sexe feminin, et causant ou pouvant causer aux femmes un préjudice ou des souffrances physiques, sexuelles ou psychologiques ainsi que la menace de tels actes, la contrainte ou la privation arbitraire de liberté, que ce soit dans la vie publique, ou dans la vie privée 2. La violence contre les femmes s'entend comme englobant, sans y être limitée, les formes de violence énumérées ci-après: a. La violence physique, sexuelle et psychologique exercée au sein de la famille y compris les coups, les sévices sexuels infligés aux enfants de sexe féminin au foyer, les violences liées à la dot, le viol conjugal, les mutilations génitales et autres pratiques traditionnelles préjudiciables à la femme, la violence non conjugale, et la violence liée à l'exploitation; b. La violence physique, sexuelle et psychologique exercée au sein de la collectivité, y compris le viol, les sévices sexuels, le harcèlement sexuel et l'intimidation au travail, dans les établissements d'enseignement et ailleurs, le proxénétisme et la prostitution forcée; c. La violence physique, sexuelle et psychologique perpétrée ou tolérée par l'Etat, où qu'elle s'exerce;" (extraits de la résolution 48/104 sur l'élimination de la violence contre les femmes adoptée par l'ONU, Décembre 1993)

Le premier congrès mondial de l'Internationale de l'Education réuni à Harare (Zimbabwe) du 19 au 23 juillet 1995:

1. Condamnant avec force la violence à l'égard des femmes et des filles, qui constitue une violation des droits fondamentaux de la personne humaine;

2. Considérant que la violence est un phénomène universel, quels que soient la culture, la religion et le régime politique, présent dans toutes les sociétés développées ou non, dans toutes les classes sociales (aisées ou non, éduquées ou non, nombreuses ou non, touchées par le chômage ou non), dans les villes comme dans les campagnes;

3. Prenant en compte le fait qu'aujourd'hui dans plus de 95% des cas de violence recensés dans le monde au sein de la communauté familiale, l'homme est l'agresseur et exerce cette violence sous toutes les formes, de la plus simple à la plus sophistiquée: coups, privations, séquestration, défaut de soins, intimidation, menaces, violence sexuelle...;

4. Constatant que la violence exercée à l'école contre les filles et les enseignantes est non seulement le fait des enseignants mais aussi des élèves contre les enseignantes ou des élèves entre eux;

5. Considérant que les médias ont une part de responsabilité, en tant que vecteurs et créateurs de violence exercée contre les femmes, à travers l'image qui est donnée de la femme;

6. S'élevant contre les traditions, les us et les coutumes au nom desquelles des filles et des femmes, dans certaines régions du monde, continuent à être opprimées et victimes de prejugés, de tabous, de violences telles que les mutilations sexuelles ou l'immolation des veuves sur le bûcher de leurs maris;

7. Condamnant vigoureusement le viol et particulièrement son utilisation comme arme de guerre;

8. Constatant que de nombreuses femmes partout dans le monde sont persécutées pour avoir osé réclamer leurs droits les plus élémentaires, notamment leurs droits socio-économiques ou politiques;

9. Préoccupé par les conséquences irréversibles que toutes ces formes de violence ont sur la santé des femmes, qu'il s'agisse de problèmes physiques tels que maladies, infirmités, malnutrition, décès prématurés ou de problèmes psychologiques, notamment dépressions, désespoir, angoisses, absence totale de confiance en soi...;

10. Se félicitant de la nomination, par le Secrétaire Général des Nations Unies, d'un Rapporteur Spécial sur la violence contre les femmes;

Le Congrès demande instamment aux gouvernements de: 11. Condamner clairement toutes les formes de violence à l'égard des femmes et des filles,

12. Adopter et mettre en oeuvre toutes les mesures permettant d'éradiquer toutes les formes de violence s'exerçant contre les femmes et les filles et de sanctionner les auteurs de ces violences conformément à la Résolution 48/104 sur l'élimination de la violence contre les femmes;

13. Interdire toutes les pratiques préjudiciables à la santé des femmes et des filles telles que les mutilations génitales, rites d'initiation ou autres violences liées à la dot...;

14. Entreprendre des campagnes d'information et de sensibilisation, mobilisant tous les médias dans tous les pays afin de vulgariser des normes sociales considérant comme inacceptable la violence contre les femmes et les filles;

15. Etablir et mettre en oeuvre des programmes d'éducation sanitaire et sexuelle comportant toutes les informations relatives aux effets néfastes de ces pratiques, notamment sur la santé des femmes et des filles;

Le Congrès invite les organisations membres de l'IE à:

16. Exiger des systèmes éducatifs qu'ils s'engagent à modifier les comportements des femmes et des hommes, des filles et des garçons afin d'atteindre l'objectif d'égalité et de mettre fin aux stéréotypes sexistes,

17. Développer et mettre en oeuvre des campagnes de sensibilisation et d'information :

a. pour souligner l'importance pour les enseignants de discuter de ces questions;

b. pour sensibiliser leurs membres au fait qu'un comportement non violent dans leur propre foyer pourrait avoir des conséquences bénéfiques dans tous les secteurs de la vie;

Rôle de l'Internationale de l'Education

EI should:

18. Travailler étroitement avec le Rapporteur Spécial des Nations Unies et avec les organisations inter-gouvernementales pour la réalisation de matériels ressources sur la question de la violence contre les femmes et les filles;

19. Combattre toutes les formes de violence à l'égard des femmes et des filles, notamment par la mise en oeuvre d'un plan d'action syndicale à long terme permettant de :

a. mener le combat en collaboration avec toutes les organisations de femmes et de défense des droits de la personne humaine; b. déterminer une stratégie à destination du milieu enseignant en liaison avec les organisations de défense des droits de l'homme; c. coopérer avec les organisations représentant les parents d'élèves;

20. Encourager l'ONU à collecter les informations et les statistiques disponibles sur cette question dans les régions et à les diffuser ensuite à toutes les organisations membres;

21. Elaborer un dossier sur la violence contre les femmes et les filles et l'utiliser dans tous ses projets de coopération et de développement.