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Résolution: Protection des droits des enfants et jeunes migrants et réfugiés

Publié 25 septembre 2019 Mis à jour 6 décembre 2021

Le 8e Congrès mondial de l’Internationale de l’Education (IE), réuni à Bangkok (Thaïlande), du 21 au 26 juillet 2019,

Note que :

(1) L’éducation et la formation sont des droits fondamentaux de la personne et des biens publics. Tous les enfants ont droit à une éducation publique de qualité, gratuite, inclusive et équitable, et les jeunes à une formation, où qu’ils se trouvent ;

(2) Tous les enfants et jeunes migrants et réfugiés ont le droit d’être libres et ne devraient jamais être détenus dans des centres de rétention. Les enseignant·e·s du monde entier exigent la libération des enfants et jeunes migrants et réfugiés des centres de rétention ;

(3) Tous les enfants et jeunes migrants et réfugiés doivent vivre avec leurs proches. Il est intolérable et illégal de séparer des familles qui ont tout sacrifié pour échapper à la persécution, à un conflit, à la violence et à des violations des droits humains ;

(4) Tous les enfants et jeunes migrants et réfugiés ont les mêmes droits que ceux dont jouissent les élèves natifs tant dans les pays de transit que dans les pays d’accueil et doivent pouvoir accéder sur un pied d’égalité à l’éducation de qualité ;

(5) Les gouvernements doivent cesser d’utiliser des centres de rétention privés et à but lucratif, qui tirent un profit financier des incarcérations massives et d’une longue détention des migrant·e·s et des réfugié·e·s. Tou·te·s les enseignant·e·s condamnent de la manière la plus ferme toute tentative de détourner des fonds publics pour financer des centres de rétention privés à but lucratif ;

(6) Durant leur séjour en centre d’accueil ou de rétention, les enfants et jeunes migrants et réfugiés doivent avoir le droit de bénéficier des services du personnel de la santé, des travailleur·euse·s sociaux·ales et des défenseur·euse·s des droits des enfants et des jeunes ;

(7) Les systèmes éducatifs nationaux doivent intégrer les enfants et jeunes migrants et réfugiés à tous les niveaux d’enseignement, indépendamment de leur statut ou de leur titre de séjour. Toutes les écoles devraient être inclusives, sensibilisées et réceptives aux besoins des enfants et jeunes migrants et réfugiés. Le programme scolaire et le matériel didactique devraient refléter la diversité de la population étudiante et être élaborés avec la participation des enseignant·e·s et de leurs syndicats ;

(8) Les gouvernements nationaux doivent protéger les enfants et jeunes migrants et réfugiés contre la détention, la séparation d’avec leurs proches, le travail des enfants, le recrutement forcé dans des groupes armés, l’exploitation sexuelle, le mariage forcé et la violence ; et

(9) L’éducation est la clé d’une intégration réussie des enfants et jeunes migrants et réfugiés dans la société. Les enseignant·e·s devraient se voir offrir les moyens, l’autonomie et le soutien nécessaires pour répondre au mieux aux besoins des enfants et jeunes migrants et réfugiés.

Le 8e Congrès mondial de l’IE invite l’IE et ses organisations membres à :

(10) Faire pression sur leurs gouvernements afin que le cycle migratoire soit considéré dans sa totalité (origine, transit, destination et retour), en insistant plus particulièrement sur les droits des enfants et des jeunes ;

(11) Faire pression sur les gouvernements pour qu’ils adoptent des politiques exhaustives fondées sur les droits humains afin de respecter et de défendre les droits des enfants et jeunes migrants et réfugiés ;

(12) Appeler les gouvernements à

(i) mettre un terme à la détention et à la criminalisation des enfants et jeunes migrants et réfugiés et de leurs familles ;

(ii) libérer immédiatement les enfants et jeunes migrants et réfugiés des centres de rétention et les réunir avec leurs familles ;

(iii) Offrir de meilleures conditions de vie et d’apprentissage aux familles avec enfants dans des résidences ouvertes.

(iv) cesser de recourir à des centres de rétention privés à but lucratif et mettre un terme aux conflits d’intérêts qui vont systématiquement de pair avec ces centres, qui tirent profit des incarcérations massives et d’une longue détention des enfants et jeunes migrants et réfugiés ;

(v) dispenser une éducation publique de qualité, gratuite, inclusive et équitable aux enfants et jeunes migrants et réfugiés dans les écoles disponibles, par des enseignant·e·s certifié·e·s, de préférence dans la langue maternelle des enfants et jeunes et dans le cadre d’une formation linguistique adaptée ;

(vi) fournir une formation et un soutien aux enseignant·e·s pour s’occuper des enfants et jeunes traumatisés ;

(vii) garantir le droit des enfants et jeunes migrants et réfugiés aux soins de santé, à l’éducation et à toute autre assistance sociale et juridique lors de leur séjour dans les centres d’accueil et de rétention ;

(viii) protéger les enfants et jeunes migrants et réfugiés contre le travail des enfants, le recrutement dans des groupes armés, l’exploitation sexuelle, le mariage des enfants et la violence ;

(ix) intégrer les enfants et jeunes migrants et réfugiés à tous les niveaux d’enseignement, indépendamment de leur statut ou de leur titre de séjour, et dans les mêmes filières éducatives que les élèves natifs ; et

(x) proposer des services de soutien supplémentaires aux enfants et jeunes en situation de handicap et aux enfants et jeunes ayant des besoins spécifiques, tels qu’un soutien psychologique ou des services d’orthophonie et de maitrise de la langue;

(xi) faire en sorte que tous les enfants et jeunes migrants et réfugiés, y compris les demandeurs d’asile mineurs soient traités comme des enfants jusqu’à l’âge de 18 ans et bénéficient des soins, des services et de l’éducation dont ils ont besoin et auxquels ils ont droit, en vertu de la Convention relative aux droits de l’enfant ;

(xii) offrir des opportunités d’apprentissage tout au long de la vie aux personnes réfugiées et migrantes, quel que soit leur âge, afin de leur permettre de participer à la société ;

(xiii) faciliter la consultation et la coordination entre les nombreux acteurs impliqués, selon la perspective de l’éducation, afin de rendre possible une approche intégrée et complète.

(13) Plaider pour la réunion des enfants et jeunes migrants et réfugiés avec leurs familles et le placement immédiat des familles dans des environnements moins confinés, y compris l’accès à une éducation publique de qualité, gratuite, inclusive et équitable, des services sociaux et une assistance juridique ;

(14) Développer des activités de défense des droits des enfants et jeunes migrants et réfugiés dans les écoles et au sein des communautés ; et

(15) Distribuer la boîte à outils de l’IE « Promouvoir l’intégration des migrant·e·s et des réfugié·e·s dans et par l’éducation ».

Le Congrès donne en outre mandat au Bureau exécutif de l’IE pour :

(16) Rassembler, publier et diffuser les meilleures pratiques sur le soutien à l’inclusion des enfants et jeunes migrants et réfugiés dans les systèmes éducatifs généraux et mettre en évidence les actions négatives des gouvernements qui affectent les enfants et jeunes migrants et réfugiés ;

(17) Aider les organisations membres à reproduire les meilleures pratiques au niveau systémique, en particulier dans le domaine du développement et perfectionnement professionnels des personnels qui enseignent aux enfants et jeunes migrants et réfugiés ;

(18) Encourager les agences des Nations Unies (NU), les gouvernements et les partenaires stratégiques à collaborer avec les syndicats de l’éducation pour identifier ou élaborer des programmes complets d’aide aux enfants et jeunes migrants et réfugiés ; et

(19) Appeler les agences des NU à condamner les politiques consistant à séparer les familles migrantes et réfugiées, à exiger l’abandon immédiat des politiques nuisibles et à contribuer à faire en sorte que ces familles bénéficient d’un accès égal et réel à la justice et aux services publics.