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Philippines : la rentrée scolaire devrait être liée à des mesures de santé appropriées

Publié 5 mai 2020 Mis à jour 10 octobre 2023

Les syndicalistes de l’éducation aux Philippines ont réitéré la nécessité d’assurer la sécurité des enseignant·e·s et des élèves par rapport au COVID-19 dans toutes les salles de classe avant d’ouvrir les écoles pour une nouvelle année scolaire.

L’ Alliance of Concerned Teachers(ACT) aux Philippines a déclaré que le gouvernement doit prendre des « mesures concrètes » pour empêcher la propagation du COVID-19 après la reprise des cours.

Le syndicat a lancé un appel à la clarté en réponse à l’annonce que la nouvelle année scolaire sera repoussée au mois d’août. Leonor Briones, secrétaire du ministère de l’Éducation, a déclaré que cette mesure était une réponse aux dangers liés à la pandémie du COVID-19 et qu’elle était conforme à la législation exigeant que l’année scolaire commence au plus tard en août.

Briones a également déclaré que les écoles publiques pourraient également offrir des cours le samedi à domicile aux élèves, plutôt que de les obliger à participer physiquement aux cours afin que l’année scolaire puisse se terminer, fin mars 2021, tout en respectant le nombre de jours d’apprentissage requis par la loi.

Mesures de prévention

Les discussions sur la reprise des cours sont les bienvenues, mais le gouvernement doit clairement davantage se concentrer sur le « comment » plutôt que sur le « quand » et proposer des mesures concrètes pour empêcher la propagation du COVID-19 si les cours devaient reprendre, tout en garantissant l’accès de tous à une éducation de qualité », a souligné le secrétaire général de l’ACT, Raymond Basilio.

Il a poursuivi en expliquant que « le syndicat a souligné la nécessité, avant tout, de mettre en place des mesures préventives — dont l’ampleur déterminera le moment où les cours pourront reprendre. Il vise à garantir que le bien-être des élèves et des employés du secteur de l’éducation soit assuré pendant la pandémie, alors qu’ils tentent de s’adapter à la “nouvelle normalité” et que les étudiants tentent de poursuivre leur éducation formelle. »

L’Organisation mondiale de la santé a également souligné la nécessité de mettre en place des mesures préventives dans les écoles et sur les lieux de travail, car les pays s’engagent dans un assouplissement progressif du déconfinement et un retour aux activités socio-économiques.

Les vulnérabilités du système

L’ACT a déclaré que l’affaiblissement du système éducatif des Philippines — résultat de décennies de négligence de la part des autorités publiques — était un facteur majeur qui rendait les étudiant·e·s, les enseignant·e·s et le personnel non-enseignant vulnérables à la maladie. Ils ont souligné que le problème persistant des classes surpeuplées, des installations défectueuses (telles que des toilettes sans eau) et le manque de personnel de santé et de soutien au niveau des écoles faisaient partie des problèmes à résoudre immédiatement.

« La distanciation sociale ne sera pas possible dans beaucoup de nos écoles, surtout dans les zones urbaines où une salle de classe est coupée en deux pour accueillir deux classes de 50 élèves chacune », a déclaré Basilio. « Cette situation restera inchangée même si le ministère de l’Éducation a introduit des mesures de décongestion, telles que des modes alternatifs d’enseignement ou des classes séparées en deux ou en trois. »

Il a également souligné que « le lavage fréquent des mains sera particulièrement difficile, car la plupart d’entre nous n’ont pas d’accès ou ont un accès limité à l’eau courante propre à l’école ; et les infections ne seront probablement pas contrôlées en raison du manque de personnel infirmier dans les écoles ».

Déficit technologique

« Les propositions d’enseignement à distance ne semblent guère faisables, car la condition préalable est de disposer d’infrastructures technologiques tant au niveau des écoles qu’au domicile des enseignants et des étudiants », a-t-il ajouté.

« Beaucoup d’entre nous, y compris nos étudiants, ont un accès limité à l’internet », a-t-il déclaré. « Même les ordinateurs portables que nous utilisons pour le travail, comme l’exige le plan d’apprentissage du 21e siècle du ministère de l’Éducation, sont payés de notre propre poche. En attendant, comme les étudiants peinent à couvrir leurs besoins de base, il est impossible que la plupart d’entre eux puissent se permettre d’avoir leur propre ordinateur avec une connexion Wi-Fi ou de se rendre régulièrement dans des magasins d’informatique ou webshops. Sans parler des connexions internet généralement médiocres dans le pays, même dans les zones urbaines, tandis qu’elles sont presque inexistantes dans les communautés rurales. »

L’ACT a également souligné que, même si le gouvernement parvient à régler d’une manière ou d’une autre l’aspect infrastructurel, l’enseignement à distance ne peut pas remplacer l’apprentissage en classe, car ce dernier offre un cadre plus propice pour donner aux étudiant∙e∙s une chance de développement global.

Recommandations

Le syndicat demande instamment au gouvernement d’établir les mesures préventives suivantes comme condition préalable à la réouverture des écoles :

  • Réduire la taille des classes et utiliser les horaires des cours pour rendre possible la distanciation sociale.
  • Engager un nombre adéquat de personnel de santé et de soutien au niveau des écoles.
  • Fournir les installations nécessaires, telles que des moyens adéquats pour se laver les mains et un approvisionnement en eau suffisant, à tous les étages des bâtiments scolaires.
  • Fournir l’équipement et les connexions internet nécessaires à la conduite de l’enseignement à distance, le cas échéant.
  • Mettre en place des programmes de santé scolaire favorisant la prévention des maladies et garantissant un traitement gratuit pour chaque enseignant·e, employé·e et élève susceptible d’être infecté·e.

Tests, quarantaine, soutien

L’ACT insiste en outre pour que le gouvernement adopte une approche globale dans la lutte contre la pandémie du COVID-19 et dans l’établissement de la « nouvelle normalité », selon des principes humanitaires et fondés sur les droits.

« Nous appelons le gouvernement à accélérer les tests de masse systématiques [des personnes] qui nous fourniront les données de base sur la concentration et l’ampleur de l’épidémie, ainsi que sur son taux d’infection », a déclaré Basilio. « Le gouvernement doit également mettre en place suffisamment d’installations d’isolement et de quarantaine avec un nombre approprié de travailleurs et travailleuses de la santé qui doivent recevoir un salaire décent. Enfin, notre gouvernement doit fournir un soutien socio-économique et infrastructurel à la population, maintenant et plus tard. »

Soutien de l’Internationale de l’Éducation

L’Internationale de l’Éducation soutient ses affiliés philippins et les autres dans leurs efforts pour garantir que l’enseignement et l’apprentissage puissent se dérouler en toute sécurité dans les salles de classe avant la réouverture des classes, comme indiqué dans ses Directives pour la réouverture des écoles et des établissements d’enseignement.