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Sri Lanka : la communauté syndicale internationale exige le respect des droits des travailleur·euse·s

Publié 28 août 2023 Mis à jour 20 septembre 2023

Le Bureau Asie-Pacifique de l’Internationale de l’Éducation (EIAP) a ajouté la voix des éducateur·trice·s de la région à la déclaration des fédérations syndicales internationales dénonçant les tentatives de réduction des droits du travail dans le pays.

Les fédérations syndicales internationales et les organisations syndicales affiliées, ainsi que les organisations de soutien, se sont jointes au mouvement syndical sri-lankais pour rejeter catégoriquement le « projet de loi sur l’emploi unique », conçu pour réduire les salaires, les conditions et les droits syndicaux des travailleur·euse·s sri-lankais·es.

Violation manifeste du droit international

Les syndicalistes condamnent le projet de loi qui comprend de multiples dispositions violant le droit international, notamment :

  • La suppression de la journée de travail de 8 heures ;
  • La permission de prester de longues journées, jusqu’à 16 heures par jour, sans heures supplémentaires ;
  • La suppression de la protection contre le licenciement abusif ;
  • La réduction drastique des droits aux congés annuels ; et
  • Le démantèlement des dispositions qui protègent le droit de se syndiquer et de mener des négociations collectives efficaces.

Les syndicalistes soutiennent également pleinement le mouvement syndical sri-lankais qui exige l’arrêt des tentatives de réduction des économies de sécurité sociale des travailleur·euse·s sri-lankais·es, des propositions de privatisation des services publics et de l’introduction de mesures d’austérité conçues pour bénéficier aux riches et aux entreprises étrangères au détriment des travailleur·euse·s, sous couvert de restructuration de la dette intérieure.

Annihilation des progrès réalisés grâce au dialogue social en cours

Le projet de loi sur l’emploi, surnommé « projet de loi sur le travail forcé » par les syndicats sri-lankais, tente de supprimer 13 lois sur le travail existantes, qui ont été élaborées dans le cadre d’un dialogue social pendant de nombreuses années », selon la déclaration signée par les fédérations syndicales internationales.

À la demande du Fonds monétaire international (FMI), le parlement a approuvé un plan de restructuration de la dette intérieure qui, s’il est mis en œuvre, épuisera les fonds de pension des travailleur·se·s.

Les syndicats expliquent : « Les fonds de pension représentent l’épargne de toute une vie des travailleuses et travailleurs et ne devraient pas être utilisés à d’autres fins. La valeur réelle de l’épargne des gens a déjà été diminuée par l’inflation et la dépréciation de la roupie sri-lankaise. Par conséquent, si les gens étaient contraints de supporter la charge supplémentaire d’une réduction du taux d’intérêt payé sur leurs fonds de pension, leur épargne en souffrirait considérablement. »

Demandes adressées au gouvernement sri-lankais

Solidaire des syndicats sri-lankais, les fédérations syndicales internationales appellent le gouvernement sri-lankais à :

  1. Arrêter immédiatement le processus actuel de réforme du droit du travail ;
  2. Veiller à ce que toutes les réformes futures du droit du travail respectent les normes internationales du travail définies par l’Organisation internationale du Travail (OIT) et fassent progresser le droit à un travail décent ;
  3. Demander l’assistance technique de l’OIT pour réaliser un audit de toutes les réformes législatives proposées afin de s’assurer qu’elles sont compatibles avec les obligations du Sri Lanka à l’égard des conventions de l’OIT sur le travail et que les lois favorisent la réalisation progressive des droits économiques, sociaux et culturels de tou·te· s les Sri-Lankais·es ;
  4. Réintégrer les quatre syndicats qui ont été illégalement retirés du Conseil consultatif national du travail en juin 2023 ;
  5. Revenir sur les mesures législatives et exécutives déjà prises qui ont un impact négatif sur les dispositions relatives aux provisions des fonds de pension ;
  6. Cesser les efforts de privatisation des services publics, des infrastructures et des entités ;
  7. Travailler avec la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), les syndicats et la société civile pour développer des politiques macroéconomiques redistributives conçues pour faire progresser les droits économiques, notamment par le rétablissement d’un taux d’imposition raisonnable sur les sociétés, des taxes sur l’économie numérique, des impôts sur la fortune et la suppression des subventions nuisibles aux entreprises ; et
  8. Mettre en œuvre les recommandations de l’expert indépendant des Nations Unies sur la dette extérieure et les droits humains.

Elles exigent en outre que le FMI, les autres institutions financières internationales et tous les créanciers extérieurs :

  1. Reconnaissent le rôle et la responsabilité des créanciers dans la crise financière actuelle, suspendent les paiements d’intérêts et annulent les dettes « odieuses » contractées par des politicien∙ne∙s corrompu∙e∙s, conformément aux recommandations de plus de 150 économistes de renom ;
  2. Mettent en œuvre les recommandations de l’expert indépendant des Nations Unies sur la dette extérieure et les droits humains à la suite de la visite au Sri Lanka, publiées en 2019 ;
  3. Mettent en œuvre les principes de la CNUCED sur la promotion des prêts et emprunts souverains ; et
  4. Cessent de faire pression sur le gouvernement sri-lankais pour qu’il adopte des politiques néolibérales qui sapent les obligations du pays en matière de droits humains.

Le directeur régional de l’EIAP, Anand Singh, a souligné : « Nous savons que plus d’un million d’emplois ont été perdus au Sri Lanka à cause de la pandémie et d’une mauvaise gestion économique flagrante. Les salaires réels ont baissé de plus de 50 %. Le gouvernement et le FMI ont aggravé la situation en augmentant les impôts indirects, en supprimant les subventions accordées aux travailleuses et travailleurs et en promouvant une privatisation néfaste, sans mandat politique. En conséquence, plus de la moitié des Sri-Lankais ont réduit leur consommation alimentaire. Et un demi-million de familles ont cessé d’utiliser l’électricité. »

« Nous rappelons également aux autorités publiques que l’augmentation du financement du système éducatif et l’investissement dans les enseignantes et enseignants et les personnels de soutien à l’éducation aideront la société sri-lankaise à se remettre de la COVID et à construire un avenir durable », a-t-il déclaré.

L’Internationale de l’Éducation, par l’intermédiaire de son Bureau Asie-Pacifique, continuera à surveiller la situation des droits syndicaux et des personnels de soutien, en particulier dans le secteur de l’éducation, au Sri Lanka.

Le texte intégral de la déclaration des fédérations syndicales internationales est disponible ici.