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Mondes de l'éducation

L’action syndicale pour les droits des personnes LGBTQI+ : l’expérience de la CSQ.

Publié 17 mai 2024 Mis à jour 17 mai 2024
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Le mouvement syndical n’est pas étranger à la lutte pour les droits, le soutien et l’inclusion des personnes LGBTQI+ au Québec. En ce sens, le travail constant de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) revêt une importance particulière. Sa contribution s’est faite remarquer au fil des ans. En plus d’avoir lancé et nourri des initiatives spécifiques à la vie éducative, publique et syndicale, ce sont des réalisations concrètes, au profit de toute la société québécoise, qui ont eu cours à la CSQ et auprès des partenaires de l’éducation ces dernières décennies.

Des travaux sur les droits et la reconnaissance des personnes LGBTQI+ sont menés à la Centrale depuis les années 1960-1970. En 1977, le gouvernement du Québec introduit une disposition interdisant la discrimination sur la base de l’orientation sexuelle. D’autres provinces canadiennes emboitent le pas au cours des années suivantes et ces dispositions sont introduites dans la constitution canadienne de 1982. En revanche, de profondes injustices persistent en matière de discrimination, ce qui motive les organisations syndicales à poursuivre la lutte.

C’est sous l’impulsion de Jacques Pétrin, militant pendant plus de 40 ans pour la cause des droits et de la reconnaissance des personnes LGBTQI+, que la CSQ occupe une place majeure dans ce combat. Militant dès les années 1980 puis vice-président de la Fédération du personnel de soutien (FPS) au début des années 1990, Jacques contribue à la fondation, en 1998, de la Fédération du personnel de soutien de l’enseignement supérieur (FPSES) et s’implique dans la sensibilisation des membres CSQ et de toute la société québécoise quant aux droits des personnes LGBTQI+. Il contribue également au Comité intersyndical, en 1996, et au Forum des gais et lesbiennes syndiqués du Québec (FGLSQ), en 1997, pour militer et faire pression auprès des gouvernements et pour sensibiliser les collègues aux enjeux et aux discriminations vécues par les personnes de la communauté. Cet engagement mènera, entre autres, à la juste application des avantages sociaux pour les personnes conjointes de même sexe. Des clauses seront aussi progressivement ajoutées aux conventions collectives grâce au travail des syndicats. La Loi sur l’impôt est d’ailleurs modifiée en 1998 pour inclure les personnes conjointes de même sexe.

Jacques Pétrin

Le travail de Jacques, à nouveau capital en 2002, le place comme figure marquante de la mobilisation pour reconnaitre les unions civiles entre personnes conjointes de même sexe au Québec. Le témoignage de ses enfants en commission parlementaire entourant le projet de loi no 84, qui allait devenir la Loi instituant l’union civile et établissant de nouvelles règles de filiation, marque les esprits et émeut le ministre de la Justice de l’époque. Il s’agit d’une démonstration forte de l’épanouissement des enfants dans les familles homoparentales, une question qui est alors au cœur des débats dans l’espace public.

Fondateur du Comité pour la diversité sexuelle et l’identité de genre (CDSIQ) de la CSQ, il y a plus de 20 ans, Jacques Pétrin est également instigateur, en 2006, de la Table nationale de lutte contre l’homophobie et la transphobie des réseaux de l’éducation. Cette dernière a pour mission de favoriser la concertation entre les différents partenaires des réseaux de l’éducation sur les questions relatives à la lutte contre l’homophobie et la transphobie. Elle vise la promotion de comportements pacifiques afin de prévenir et de contrer les phénomènes d’intimidation, de violence, d’hétérosexisme, de cissexisme et de cyberintimidation vécus en contexte scolaire, du primaire jusqu’à l’université. La force de la Table réside en sa composition vaste de partenaires divers, regroupant autant des syndicats que des organisations patronales, des associations de directions et de cadres, des membres d’équipes de recherche, des comités de parents, des associations étudiantes et les ministères de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur.

Comme espace privilégié d’échanges féconds, la Table contribue à la vie scolaire et publique en produisant des recommandations. Par exemple, dans le cadre des consultations sur le Plan d’action gouvernemental de lutte contre l’homophobie et la transphobie 2023-2028, la Table recommande l’implantation de politiques institutionnelles en matière de diversité sexuelle et de pluralité des genres dans chaque établissement ainsi que des ajustements aux politiques existantes et aux codes de vie des écoles. Ces politiques devraient inclure toute la communauté de l’établissement, à savoir les élèves, les étudiantes et étudiants, les parents et les personnels. La Table fait également la promotion d’une éducation à la sexualité accessible et de qualité, d’un financement à la hauteur des ambitions, de la formation du personnel et d’aménagements inclusifs et sécuritaires. Elle contribue également aux consultations en cours, au Québec, menées par le Comité de sages sur l’identité de genre.

La Table répertorie, sur son site Web, un éventail de ressources documentaires, de recherches et de guides pratiques visant à faciliter l’action. Le document Mesures d’ouverture et de soutien envers les jeunes trans et les jeunes non binaires – Guide pour les établissements d’enseignement a par ailleurs eu des échos favorables dans les milieux. Publié en 2017, ce guide, fruit d’une précieuse collaboration entre partenaires de la Table, a permis au ministère de l’Éducation du Québec de s’en inspirer pour produire, en 2021, son propre guide à l’intention de milieux scolaires : Pour une meilleure prise en compte de la diversité sexuelle et de genre. Toujours dans l’intention de soutenir toutes les parties prenantes, la Table a également produit, en 2019, Mesures de soutien et d’inclusion des personnes trans et des personnes non binaires en milieu de travail – Guide pour les employeurs et les syndicats.

Ses travaux en concertation, en recherche et en communication permettent d’animer et d’outiller les écoles québécoises sur les questions LGBTQI+. Les cinq colloques précédents organisés par la Table et l’actuelle organisation du sixième, qui se tiendra les 16 et 17 janvier 2025 à Longueuil, au Québec, en témoignent. La recherche et la diffusion des connaissances y tiennent par ailleurs une place particulière, entre autres grâce aux travaux de nos partenaires de la Chaire de recherche sur la diversité sexuelle et la pluralité des genres.

S’appuyant sur le riche héritage d’engagement légué par Jacques Pétrin, la CSQ et la Table nationale sont fières de poursuivre le travail pour les droits et la reconnaissance des personnes LGBTQI+ dans les milieux de l’éducation et au profit de toute la collectivité.

Le contenu et les avis exprimés dans ce blog sont ceux de son auteur et ne reflètent pas nécessairement la position officielle de l’Internationale de l’Education.