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Crise de l’éducation en Irak : un appel à des réformes urgentes

Publié 25 mars 2024 Mis à jour 11 avril 2024

L’Irak se trouve actuellement confronté à une grave crise de l’éducation. Malgré les dispositions constitutionnelles et les lois ministérielles imposant la gratuité de l’enseignement à tous les niveaux, des millions d’enfants se voient privés d’accès à l’éducation. Dès le début de la guerre contre Daech (acronyme arabe pour État islamique en Irak et au Levant) – une organisation militante djihadiste salafiste qui a combattu les forces de la coalition dirigées par les États-Unis –, le gouvernement irakien a drastiquement réduit ou supprimé l’aide apportée à 5,2 millions d’enfants, selon un nouveau rapport du Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC), qui défend les droits des personnes déplacées.

Depuis 2023, 770.000 enfants déplacés vivent dans des conditions précaires, souvent dans des abris de fortune. Arrachés à leur foyer en raison des conflits et de l’instabilité, ces enfants ont vu leur droit à l’éducation gravement compromis. Malgré les dispositions constitutionnelles, il∙elle∙s se retrouvent privé∙e∙s d’accès aux écoles, aux enseignant∙e∙s et aux ressources éducatives.

L’incapacité du gouvernement irakien à mettre en œuvre les recommandations de l’ONU n’a fait qu’exacerber la crise. Ces recommandations traitent spécifiquement des besoins en matière d’éducation des personnes déplacées à l’intérieur du pays. Alors que les Nations Unies ont demandé un financement pour soutenir l’éducation des enfants défavorisés, le gouvernement irakien n’a alloué que la moitié des 35 millions de dollars américains demandés.

Tom Kosta, coordinateur principal auprès du Conseil norvégien pour les réfugiés, souligne que l’éducation est la clé pour accéder à l’emploi. Cependant, depuis le début de l’offensive contre Daech en 2014, le processus d’éducation en Irak a été complètement oublié. Dans la province de Ninive, la deuxième plus peuplée d’Irak, le nombre d’enseignant∙e∙s a connu une baisse vertigineuse de 32 %, passant de 40.000 à 25.000.

La réduction du nombre d’enseignant∙e∙s a eu pour conséquence une augmentation du nombre d’enfants qui quittent prématurément l’école au Kurdistan irakien – région autonome du Nord reconnue par la Constitution irakienne –, selon Abdulwahed Mohammad Haje, président du Kurdistan Teachers’ Union (KTU).

Des réformes urgentes s’imposent

La situation exige des mesures immédiates. Faute d’intervention, le processus éducatif en Irak risque de s’effondrer. Le gouvernement doit donner la priorité à l’éducation, allouer des fonds suffisants et veiller à ce que chaque enfant, indépendamment de sa situation, ait accès à un enseignement de qualité. Seules des réformes globales permettront à l’Irak de se doter d’un système éducatif résilient, qui donne aux jeunes les moyens d’agir et assure à la nation un avenir plus radieux.

Selon l’organisation norvégienne, malgré la conjoncture économique favorable que connaît l’Irak, ses établissements scolaires fonctionnent en deux ou trois équipes. Il y a plus de 650 élèves par équipe. Par ailleurs, la moitié des bâtiments scolaires ont été détruits au cours des quatre années de conflit.

« Et le gouvernement en place n’a pas entrepris d’efforts significatifs pour les reconstruire », remarque le dirigeant du KTU. « Cette situation a provoqué la colère du peuple irakien, qui a atteint un point d’ébullition. Il ne cesse de réclamer la destitution des dirigeants politiques responsables de l’aggravation de la situation. Le gouvernement du Kurdistan se doit, en particulier, de financer le processus éducatif, y compris les enseignantes et enseignants, les bâtiments scolaires et les programmes d’études. Avant tout, une politique éducative claire doit être présentée, car il existe un certain nombre de failles, de déficiences et de problèmes au cœur du processus. En l’absence d’une réponse significative, il n’y aura guère d’espoir pour l’avenir, et tous les efforts resteront vains ! »